Le débat sur les prix de l’électricité est également centré sur des questions telles que le maintien de l’équilibre financier difficile d’un secteur, la réalisation d’investissements importants et la garantie de l’approvisionnement énergétique. En rachetant les 51 % des actifs d’Actis, l’État camerounais espère reprendre le contrôle d’ENEO.
Mais ce choix n’est peut-être pas simple à mettre en œuvre. Ce projet pourrait se heurter à l’opposition de la Banque mondiale, un acteur important du secteur de l’électricité camerounais qui est généralement opposé aux nationalisations. En fait, les factures impayées accumulées par l’État constituent un facteur majeur des graves problèmes financiers que connaît actuellement le secteur de l’électricité au Cameroun.
Les estimations situent le montant total de ces arriérés de paiement à 234 milliards de FCFA, ce qui affecterait directement la trésorerie de ENEO. La renationalisation de ENEO continue toutefois d’être une préoccupation économique importante pour le Cameroun malgré ces difficultés.
L’entreprise fait également face à un endettement de ses fournisseurs, estimé à 336 milliards de FCFA, ce qui représente près de la moitié de sa dette totale et nécessite une restructuration urgente d’une dette bancaire d’environ 140 milliards de FCFA. Le gouvernement a créé un plan de relance prioritaire de 400 milliards de francs CFA pour le secteur de l’électricité au cours de la période 2023 à 2026 afin de remédier à cette situation. Cette stratégie vise à résoudre les problèmes de trésorerie, à financer des investissements cruciaux et à garantir la durabilité de l’industrie.
Cependant, cette solution à court terme est insuffisante pour assurer la survie du secteur de l’électricité du Cameroun. Environ 600 milliards de francs CFA sont nécessaires pour financer de manière significative le plan mondial de relance (Prsec), qui s’étend sur les années 2023 à 2030. La Banque mondiale et la Banque africaine de développement ont été invitées à aider le gouvernement à cet égard.
En conséquence, la renationalisation d’ENEO entraîne à la fois des difficultés à court terme, telles que la restructuration de la dette et le rétablissement de la stabilité financière, ainsi que des difficultés durables liées à l’obligation d’investir pour répondre à la demande croissante d’électricité. Un choix qui affectera de manière significative l’économie du pays mais qui suscite toujours des discussions.