Au cours des consultations organisées entre juillet 2022 et mars de cette année, plus de 800 personnes, dont 319 femmes, provenant de diverses régions et de l’administration de la ville de Dire Dawa, ont fait part de leurs commentaires. Un consensus général s’est dégagé sur la nécessité de tenir les auteurs responsables de tous les crimes, y compris ceux qui constituent des violations du droit international, afin de mettre fin au cycle de la violence et de veiller à ce que justice soit rendue.
Le rapport souligne également l’importance de résoudre les conflits de manière pacifique et de faciliter le retour en toute sécurité et dans la dignité des personnes déplacées à l’intérieur de leur pays. En outre, il note la volonté de la communauté de soutenir le processus de justice transitionnelle, à condition que les institutions impliquées restent impartiales et dignes de confiance.
« Je salue les efforts déployés par l’Éthiopie pour élaborer une politique nationale de justice transitionnelle conforme à l’accord de cessation des hostilités », a déclaré Volker Türk, haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme. Il a souligné la nécessité d’une approche globale et fondée sur les droits de l’homme qui place les victimes, en particulier les femmes et les jeunes filles, au centre des préoccupations.
Ce rapport s’appuie sur l’enquête conjointe menée par le Bureau des droits de l’homme des Nations unies et la Commission européenne des droits de l’homme dans la région du Tigré en 2021, qui a également plaidé en faveur d’un cadre de justice transitionnelle fondé sur les droits de l’homme, conformément à l’accord de cessation des hostilités. Les deux organisations ont offert une assistance technique pour soutenir la mise en œuvre de la politique.
Pour faciliter l’élaboration et la mise en œuvre d’une politique de justice transitionnelle, le rapport présente 31 recommandations à l’intention de diverses parties prenantes, dont le gouvernement éthiopien et le groupe de travail d’experts sur la justice transitionnelle.
Le programme de justice transitionnelle a été lancé en Éthiopie après la signature de l’accord de paix de Pretoria en novembre 2022. Toutefois, des experts et des défenseurs des droits de l’homme ont exprimé des inquiétudes quant à l’efficacité de la mise en œuvre actuelle. La Commission internationale d’experts en droits de l’homme sur l’Éthiopie (ICHREE) a exprimé des doutes quant à l’engagement de l’Éthiopie à garantir l’obligation de rendre des comptes avant son démantèlement. Ses évaluations ont suggéré que les initiatives nationales pourraient conduire à un processus superficiel dépourvu d’un contrôle international approfondi.