La « marche pour la liberté », un mouvement sans précédent, va bientôt secouer la ville de Lisbonne. Des centaines de Guinéens, venant de différents coins du monde où ils se sont établis, se rassembleront pour manifester leur mécontentement face à la situation politique actuelle de la Guinée-Bissau. Armés de leurs voix, de banderoles et de drapeaux, les manifestants scanderont des slogans tels que « Non à la dictature », « Liberté pour la Guinée-Bissau » ainsi que d’autres revendications pour la restauration de l’activité parlementaire.
Cette mobilisation fait suite à la dissolution du Parlement par le président de la République guinéenne, Umaro Sissoco Embaló, en décembre dernier. Celui-ci a également remplacé le gouvernement de la coalition PAI-Terra Ranka par un gouvernement d’initiative présidentielle, provoquant ainsi un conflit entre les pouvoirs exécutif et législatif. Cependant, cette dissolution est en violation de la Constitution qui interdit toute dissolution du Parlement dans les 12 mois suivant les élections législatives. Ces dernières ont eu lieu en juin 2023, se soldant par la victoire de la coalition PAI-Terra Ranka menée par le Parti Africain de l’Indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC).
Le président Umaro Sissoco Embaló a justifié cette dissolution en accusant l’Assemblée nationale de ne pas remplir son rôle de contrôle du gouvernement et de vouloir déstabiliser l’ordre constitutionnel. Dans la foulée, le Premier Ministre Geraldo Martins a été limogé pour avoir refusé de former un gouvernement d’initiative présidentielle et remplacé par Rui Duarte de Barros. Cette crise politique est le résultat d’un conflit de longue date entre le président et Domingos Simões Pereira, président du Parlement et leader du PAIGC. Leur rivalité remonte à l’élection présidentielle de 2019, où les deux hommes se sont affrontés au second tour.
En janvier dernier, le Ministère de l’Intérieur a interdit tout rassemblement public dans tout le pays, suite à des opérations de recherche et de saisie d’armes à feu. Cependant, les dirigeants des partis PRS, Madem-G15 et APU-PDGB, membres du gouvernement d’initiative présidentielle, contestent cette interdiction et ont exprimé leur désaccord avec le président Umaro Sissoco Embaló ces derniers jours. Ainsi, cette « marche pour la liberté » est l’occasion pour la population de dénoncer la suppression de la démocratie et la violation des droits constitutionnels en Guinée-Bissau.
Un appel pour que la voix du peuple soit entendue et pour le rétablissement de la démocratie dans le pays.