L’expert bancaire Omar Sidahmed a mis en garde contre les dangers de la dollarisation de l’économie soudanaise et l’utilisation de devises étrangères telles que le dollar américain en remplacement de la livre soudanaise, en raison de la circulation de faux billets dans tout le pays. Il a souligné que 97% des activités économiques au Soudan se déroulent en dehors du contrôle du ministère des Finances.
La semaine dernière, des faux billets de 500 livres ont été saisis par les services de sécurité au marché d’El Obeid, la capitale de l’État du Nord-Kordofan. Selon Sidahmed, l’afflux de faux billets soudanais n’est pas nouveau dans le pays et a déjà été signalé après la Révolution de décembre 2018, sans aucune enquête ni résultat concret. La situation actuelle est aggravée par le chaos régnant dans tout le pays, en particulier depuis l’affrontement armé entre les Forces de soutien rapide (FSR) et les Forces armées soudanaises (FAS) en avril dernier.
En effet, les paramilitaires de FSR ont pris d’assaut l’imprimerie nationale et se sont emparés de rouleaux de billets non autorisés avant leur numérotation et leur signature, ce qui les rend sans valeur. Sidahmed a averti que 97% de la masse monétaire au Soudan échappe au contrôle des banques et de l’État, avec une valeur totale estimée à 900 000 milliards de livres sterling. Seuls 3% de cette masse sont disponibles dans le système bancaire. La méfiance envers le système bancaire a incité la population à conserver des liquidités, ce qui a entraîné une forte baisse de la confiance dans la monnaie nationale et favorise la dollarisation de l’économie.
Pour résoudre la crise bancaire et économique, Sidahmed suggère de s’attaquer à la source du problème en favorisant l’inclusion financière et en réduisant le nombre de banques actives au Soudan. Avant le déclenchement de la guerre en avril dernier, l’économie soudanaise était déjà en difficulté. Le pays, classé parmi les pays à faible revenu, était en transition économique et politique. Le gouvernement actuel se concentre sur l’inflation et l’attraction des investissements étrangers en flottant la livre et en unifiant les taux de change officiels et parallèles. Cependant, la pauvreté reste un problème majeur au Soudan, où 13,5% de la population vit dans une grande pauvreté (moins de 1,90 USD par jour) et 46% dans une pauvreté modérée (moins de 3,20 USD par jour). Ce taux est encore plus élevé dans les zones rurales et a augmenté ces dernières années dans les zones urbaines. Dans l’État de Khartoum, par exemple, le taux de pauvreté extrême est passé de 3,3% en 2009 à 9,4% en 2014.
En résumé, la dollarisation de l’économie et la dévaluation de la livre soudanaise ont des conséquences désastreuses pour le pays. Pour résoudre ces problèmes, l’inclusion financière et la réduction du nombre de banques actives au Soudan sont essentielles. Il est également crucial d’avoir un État et un système dirigeant forts et indépendants pour restaurer la confiance dans la monnaie nationale et l’économie en général.