L’artiste américano-camerounaise, Libianca, a été contrainte de reporter sa tournée musicale en Amérique du Nord en raison de menaces de mort qu’elle a reçues de la part de personnes sympathisantes avec la cause de l’indépendance de l’Ambazonie au Cameroun. Elle a annoncé cette décision sur son compte Instagram vendredi dernier, expliquant qu’il s’agissait d’une mesure de précaution pour sa sécurité.
Dans une lettre adressée au gouvernement camerounais et au mouvement séparatiste, la talentueuse chanteuse a expliqué les raisons qui l’ont poussée à reporter sa tournée. Mais qui est Libianca, cette étoile montante de la musique dont le talent a ébloui le monde entier ? Née en 2001 à Minneapolis, aux Etats-Unis, Libianca a déménagé au Cameroun à l’âge de quatre ans avec sa mère, menacée d’expulsion. C’est sur le sol africain, à Bamenda, dans la région du Nord-Ouest, que la passion de la musique a pris racine en elle. Déjà à l’adolescence, sa voix a convaincu ses proches de son talent inné pour la musique. À seulement 10 ans, Libianca a écrit ses premières chansons et elle a continué à se perfectionner dans le monde musical à chaque occasion qui se présentait. À 13 ans, elle retourne aux Etats-Unis et en 2021, elle participe à l’émission « The Voice » dans l’équipe du célèbre chanteur Blake Shelton. En 2022, elle sort son titre « People » qui connaît un succès retentissant et la propulse sur le devant de la scène.
Lors de sa précédente tournée en Australie, elle avait reçu des menaces de mort de la part du groupe séparatiste camerounais « Les Amba Boys » parce que, sur scène, elle avait brandi le drapeau camerounais. Les séparatistes ont interprété cet acte comme une prise de position dans la crise qui secoue les régions anglophones du pays depuis 2016. En effet, à partir d’une grève pacifique menée par des enseignants et des avocats pour revendiquer leurs droits, le conflit s’est rapidement transformé en guerre civile, les séparatistes voulant créer un état indépendant appelé Ambazonie.
Pourquoi une guerre qui trouve ses origines dans la situation socio-politique du pays devrait-elle influencer l’univers musical ? Libianca refuse de laisser l’intimidation l’obliger à prendre position dans le conflit. « Je me suis dévouée à mettre en avant la beauté du Cameroun et le talent de son peuple, et je ne laisserai personne me priver de cela, » a-t-elle déclaré. Pour elle, brandir le drapeau était un symbole d’espoir en un avenir où « nous, le peuple, nous réunirons et gouvernerons avec amour car nous sommes plus forts ensemble lorsque nous nous aidons au lieu de nous haïr. » Son geste n’était en aucun cas une déclaration d’allégeance à un camp ou à un autre. Toutefois, elle a tenu à préciser que ce drapeau ne représentait pas le président du Cameroun, Paul Biya. « Il représente l’unité de la République du Cameroun, notre dynamisme et notre culture, » a-t-elle ajouté, soulignant qu’elle n’était ni une politicienne ni une militante, mais simplement une citoyenne aspirant à la paix et à la réconciliation.
Libianca est née de parents originaires de la région du Nord-Ouest du Cameroun et a grandi et étudié à Bamenda avant de retourner aux États-Unis. L’année dernière, elle est devenue célèbre grâce à son single « People. » La chanson a connu un succès international et la jeune artiste de 23 ans est devenue une personne connue et appréciée. Cependant, sa renommée a également attiré les menaces et les pressions pour qu’elle prenne position dans le conflit au Cameroun, ce qui a entaché ses réalisations et a affecté sa relation avec sa famille camerounaise, dont elle n’a pas pu célébrer le succès avec eux. « Ce moment a été assombri par la pression constante de choisir un camp dans un conflit que je déteste, » a-t-elle confié.
Face à ce dilemme, elle a choisi de se taire car son camp est celui de l’unité pour son peuple. Après avoir annoncé le report de sa tournée, elle a été encouragée par ses fans à rester forte.
Il est important de noter que de nombreux Camerounais anglophones qui ont rejoint les rangs des séparatistes attaquent régulièrement les personnalités populaires originaires des régions anglophones qui n’adhèrent pas à leurs idées séparatistes. Il est donc compréhensible que l’artiste ait pris des mesures pour garantir sa sécurité.
Libianca a clôturé sa lettre en déclarant : « Je suis fière de mes origines camerounaises et je continuerai à représenter mon pays à travers ma musique. Malgré les obstacles, mon amour pour mon peuple et mon pays ne faiblira jamais.