Eudoxie Zézé. Ce nom éveille en moi un mélange de sentiments : allant de la compassion à la colère, en passant par la tristesse et la déception. C’est ainsi que s’appelle la jeune femme dont la foi en Christ a été ébranlée par une influence néfaste. Elle est tombée dans les mains d’un faux pasteur et a été mariée de force à un riche homme dont la richesse provient des pratiques occultes.
Elle qui avait consacré sa vie à Dieu, guidée par l’éducation chrétienne de ses parents, se retrouve aujourd’hui dévastée par les événements qui ont chamboulé sa vie.
C’est avec une amertume palpable que j’ai écouté le témoignage de Mme Eudoxie Zézé. Avec une voix chargée d’émotions, elle renie presque son nom de famille. Elle confie avoir grandi dans une famille chrétienne où l’on lui a inculqué les valeurs fondamentales de la prière, de la méditation et de la pureté. Elle se souvient des paroles entendues lors de ses moments de recueillement et de veillées : « Tu te marieras avec un homme puissant, riche, un homme impliqué dans le ministère. Tu es destinée à être la femme d’un pasteur. » À ces paroles, elle répondait avec résignation : »D’accord, je ferai de mon mieux. »
Portée par cet élan, elle grandit dans la prière et la consécration. Pendant ce temps, elle continue d’aller à l’école et d’être étudiante. Mais elle attend, avec foi, le moment propice où elle rencontrera celui qui sera son futur époux. Elle ne s’imagine pas alors que tout basculera lors de cette fameuse veillée, entraînée avec sa soeur. En effet, elles ont été invitées à prendre part à une veillée que le pasteur organisait.
À la veillée, l’atmosphère est envoûtante et l’émotion est à son comble. C’est là qu’elle croise celui qui deviendra son pasteur, Bishop Jean de Dieu. Elle se rappelle encore du regard magnétique qui l’a captivé. Elle confie qu’elle est devenue sa fille spirituelle et c’est le pasteur qui l’encadre et la suit. S’il y a des moments de prière, elle le suit un peu partout. Elle était devenue comme son bras droit au niveau de la communauté. Leur relation était faite d’une affinité particulière, une amitié sincère et une confiance inébranlable. Elle lui confiait tout et son pasteur était à ses côtés dans les moments heureux, comme dans les moments difficiles. Il connaissait sa famille, il la connaissait.
À cette époque, elle était âgée de 22 ans et forcément, elle était encore célibataire et vierge. Un jour, le pasteur l’a convoquée dans son bureau. Il lui parla d’une vision qu’il avait eue à son sujet. Elle se rappelle encore de ses mots : « J’ai vu un homme. Un homme riche, qui prie avec une foi ardente, qui peut être le parfait époux pour toi. Il a besoin d’une femme dévouée à Dieu pour l’accompagner dans son ministère. »
Il affirme avoir déjà rencontré cet homme, un homme de prière. Il a dit qu’il avait beaucoup d’argent mais qu’il est vraiment assis dans la foi, qu’il a besoin d’une femme, une femme de prière, une femme de feu. Elle accepte, aveuglée par la confiance qu’elle a en son pasteur. « Si mon pasteur a eu une vision, c’est parce que Dieu l’a exaucé », se convainc-t-elle.
Et c’est ainsi qu’elle rencontre cet homme. Mais dès le début, elle a senti une forme de réticence. Le courant ne passe pas, et elle avait un mauvais pressentiment. Incertaine, elle s’ouvre à son pasteur. Ce dernier la rassure et l’assure que c’est la bonne décision. Après tout, il voyageait beaucoup et peut-être que son apparence ne montrait pas qui il était réellement. Effrayée mais manipulée, elle a finalement cédé aux avances de cet homme, après plusieurs mois de persuasion de son pasteur.
Mon cœur débordait d’amour et de reconnaissance envers mon père spirituel qui m’avait conseillé d’accepter cette union. Pourtant, au fond de moi, je savais que quelque chose n’allait pas. Mais par respect et gratitude envers mon pasteur, j’ai accepté. Les discussions et les échanges avec mes parents ont pris du temps, mais ils finirent par accepter cette décision, bien que cela les rendait un peu réticents.
Je me souviens de leurs inquiétudes quant à mon jeune âge et à la poursuite de mes études. J’étais en deuxième année de licence et je n’avais pas encore fini mes études. Mais étant très proche de mon père, il a fini par accepter, car cela venait de moi. Malgré mes réserves, nous avons franchi cette barrière de la volonté de mes parents.
Je priais toujours pour que ce mariage se passe bien, même si je ne me sentais pas en adéquation avec l’homme que j’allais épouser. Mais j’ai mis ma confiance en Dieu et j’ai accepté de me marier à 22 ans.
Dans la majestueuse église, j’ai dit « oui » pour épouser celui qui allait devenir mon mari. Je me souviens de l’odeur des roses blanches qui ornaient l’autel, de la lumière chatoyante des bougies qui scintillaient dans la pénombre et de la douce mélodie qui accompagnait mon pas vers l’autel.
Les premières semaines furent magnifiques, même si au fond de moi, je savais que quelque chose n’était pas tout à fait là. Mon mari, étant un homme riche, me comblait de cadeaux et d’attention. J’avais tout ce que je désirais : de beaux vêtements, des soins et une vie confortable. Mais mon mari était souvent en voyage et nos moments ensemble étaient rares.
Puis, au bout de trois mois, tout a changé. Je me souviens de cette nuit, lorsque je me suis réveillée à 4h du matin pour mon rituel de prière comme je le faisais avec ma mère auparavant. C’était notre moment, notre repas du matin. Mais ce matin-là, je ressentais un malaise, quelque chose n’allait pas.
En y repensant, je me rends compte que cela avait été annoncé dès le début de notre mariage. Mon mari m’avait dit qu’il avait une porte interdite dans notre maison. Une seule porte, que je n’avais pas le droit de franchir. C’était son endroit de prière, où il se sentait le plus connecté à Dieu. Je respectais son intimité, même si cela m’intriguait.
Ce soir-là, je me réveille à 4h du matin, troublée et anxieuse comme jamais auparavant. Mon cœur est en émoi, comme si quelque chose de maléfique planait autour de moi. Peut-être est-ce l’œuvre du Saint-Esprit, mais je ne me sens pas à l’aise. Je prie pour trouver la paix, mais une force me pousse à sortir et à marcher. Je me promène dans les corridors de cette immense maison, jusqu’à ce que je me retrouve face à cette porte interdite. J’hésite, mais je me rappelle mon mari me dire de ne pas y entrer. Résignée, je retourne dans la chambre, mais je ne peux m’empêcher de sentir un malaise persistant.
Je ressors et par mégarde, je trouve la porte »interdit d’entrée » entrouverte, mon mari étant sorti sans fermer complètement. Mon instinct me pousse à entrer, malgré moi. Ce que j’ai vu dans cette pièce, je ne peux pas le décrire. L’atmosphère était lourde et oppressante, remplie de masques terrifiants. Au centre de la pièce, trônait une statuette de cobra crachant de l’argent. Je suis restée figée, submergée par un sentiment d’horreur.
Je me demande si je suis en train de rêver ou si c’est une vision divine. Je vois des sacrifices, du sang, des calebasses et des objets occultes partout. Tout est plongé dans l’obscurité. Mon cœur se serre car je me suis mariée avec un homme de prière, un homme craignant Dieu, m’avait dit mon pasteur. Et maintenant, je me retrouve face à un lieu de pratiques occultes. Je n’en peux plus, je suis anéantie. J’ai préservé ma virginité jusqu’au mariage, et voilà ce que je découvre chez mon mari, la première personne à qui je me suis donnée.
En quelques secondes, toutes les valeurs chrétiennes que j’ai reçues ont été balayées. Lorsque mon mari rentre derrière moi et pose sa main sur mon épaule pour me dire que ce n’est pas ce que je crois, je suis au bord de la folie. Il m’explique que tout ce qui se trouve ici est le fruit de ses prières. Je suis choquée, je me sens trahie et dévastée. Je ne sais plus quoi faire, je suis submergée par la panique et la douleur. Mais je ne peux pas partir, il est mon mari.
On m’a appris que l’homme est le chef de la famille et que je dois lui obéir en tout. Alors que faire dans une telle situation? Nous quittons la pièce et je retourne dans la chambre, bouleversée. J’appelle mon pasteur et je lui demande de me voir en urgence. Je lui raconte toute l’histoire, en larmes. J’espère qu’il pourra me réconforter et m’expliquer ce qui se passe.
Mais à ma grande surprise, il minimise la situation et me dit que j’ai dû mal interpréter les choses. Il prie pour moi et me demande de rentrer chez moi en me promettant qu’il va parler à mon mari. J’obéis, le cœur lourd. Mais les événements vont s’enchaîner et ma vie deviendra un cauchemar.
Je suis mariée depuis seulement 3 mois et pourtant, depuis que j’ai parlé avec le pasteur, je ne peux plus dormir avec mon mari, je n’ai pas le droit de mettre les pieds dans certaines pièces de la maison, je ne peux plus sortir sans être accompagnée d’un garde du corps. Mon mari m’interdit de voir mes amis, et ma famille. Et à certains moments de la journée, j’entends des voix dans la maison. Je souffre en silence, prisonnière dans ma propre demeure.
Et je pense à toutes ces années de sacrifice et de dévotion envers Dieu, toutes ces fois où j’ai refusé de m’éloigner de mes valeurs chrétiennes. Je pensais être heureuse dans mon foyer grâce à l’intervention de mon pasteur, mais je me suis trompée. J’ai tout sacrifié pour rien. Je ne peux plus supporter cette situation, je dois trouver une solution.
Mais mon mari me surveille de près et m’a mis sur écoute, je ne peux plus appeler mon pasteur car il ne répond plus à mes appels. Lorsque je vais à l’église, je suis sous surveillance et mon accès au pasteur m’est restreint. Je suis prisonnière de mon mariage, de ma peur et de mon anxiété. Je décide alors de trouver des solutions pour m’échapper de cet enfer. Mais c’est un combat difficile, car je n’ai plus de vie ni de liberté. Je suis persécutée dans mon propre foyer et je ne sais pas quoi faire pour m’en sortir. Je suis dévastée et je me sens seule, abandonnée de tous. Mon mariage a pris un tournant inattendu et je fais face à des épreuves insoutenables. Mais je ne vais pas abandonner, je vais trouver une solution pour sortir de ce cauchemar.
Un jour, une de mes amies se rend compte que quelque chose ne va pas avec moi. Nous avons grandi ensemble donc elle me connaît bien. C’est ainsi qu’elle force l’entrée de ma maison et entre à l’improviste. Je cherche une stratégie pour qu’on parle en privé mais les gardes du corps ne veulent pas nous laisser discuter ensemble. Le peu de temps qu’on a eu, je lui dis : « Je regarde cette émission régulièrement à la télévision. Comment faire pour y aller? J’ai besoin d’aide, trouve une stratégie. »
« Dieu m’a accordé sa grâce. Je ne peux pas expliquer comment j’ai fait pour être ici aujourd’hui. Aujourd’hui, je suis devant vous. J’ai convoqué mon pasteur, j’ai besoin d’aide. Tout ce que je veux, je sais que le divorce n’est pas permis dans le mariage, c’est écrit dans la bible. Mais je ne peux plus vivre ça. Je suis à la moitié de l’année, mais je ne peux plus supporter. Je ne sais pas si je vais mourir ou pas, mais je ne peux plus supporter. J’ai besoin d’aide, j’ai besoin de votre aide ! J’ai tout à ma portée mais je ne suis pas heureuse. ».
Suite du témoignage en vidéo :