Le corps humain, une créature à la fois étonnamment fragile et incroyablement résistante. Telle est la nature de cet organisme complexe, symbole de vie et de mort. Et pourtant, l’histoire d’un jeune homme mexicain qui a survécu à un peloton d’exécution défie la logique et laisse un souvenir inoubliable dans les mémoires. Une histoire hors du commun, qui nous ramène au temps de la Révolution mexicaine, au début du XXe siècle.
Cette révolution n’était pas une lutte homogène, mais plutôt une série de soulèvements régionaux qui ont secoué le pays entre 1910 et 1920. Une révolte populaire contre le régime oppressant de Porfirio Díaz, qui a favorisé les riches et oublié les pauvres. C’est dans ce contexte agité que Wenceslao Moguel Herrera, un jeune homme de 25 ans originaire de la région du Yucatan, rejoignit les troupes rebelles menées par le légendaire Pancho Villa. L’inexpérience et le manque d’armement de l’unité de Wenceslao n’ont pas fait le poids face aux forces gouvernementales et les survivants ont été condamnés à mort sans autre forme de procès. Et c’est ainsi que le destin tragique de « The Shot » commença.
Pour se débarrasser des rebelles rapidement, un peloton d’exécution de huit hommes a été formé et les prisonniers ont été conduits devant le mur d’une église, yeux bandés et prêts à être fusillés. Le moment fatidique est arrivé, et les balles ont été tirées. Toutes ont touché leur cible, sauf celles de Wenceslao. Les huit projectiles ont miraculeusement manqué ses organes vitaux, tandis que ses camarades gisaient morts à ses côtés. Mais le cauchemar était loin d’être terminé.
Un colonel est venu vérifier s’il restait des survivants parmi les corps étendus au sol, et a tiré une balle dans la tête de Wenceslao, qui a traversé sa joue droite pour ressortir sous son œil gauche, épargnant ainsi son cerveau. Étonnamment, l’homme a survécu à ce coup direct et, réalisant qu’il n’aurait pas autant de chance la prochaine fois, il a feint la mort en retenant son souffle. Les soldats, satisfaits de leur mission accomplie, ont laissé les cadavres sur place et sont partis. Blessé et souffrant le martyre, Wenceslao a réussi à se traîner jusqu’à une église voisine, où les habitants l’ont recueilli et soigné. La nouvelle de sa miraculeuse survie s’est rapidement répandue à travers le Mexique, lui valant le surnom symbolique de « The Shot ».
Cependant, la vie dans le Mexique post-révolutionnaire était ardue et en 1930, Wenceslao décida de tenter sa chance aux États-Unis. Mais il ne s’y attarda pas longtemps et finit par retourner dans son pays natal. Il est décédé en 1976 à l’âge de 79 ans, laissant derrière lui une histoire incroyable et emblématique.
La lutte de Wenceslao, ainsi que celle de ses compagnons d’armes, n’a pas été vaine. La Révolution mexicaine a mené à l’adoption d’une nouvelle constitution, accordant davantage de droits aux travailleurs et aux paysans. Une preuve que même les plus petits hommes peuvent faire la différence dans l’histoire. Et que parfois, un seul coup de feu peut changer le destin de toute une nation.