Le Parti camerounais pour la renaissance nationale (PCRN), considéré comme l’un des principaux partis politiques de l’opposition, est actuellement en proie à une division interne inquiétante.
À l’origine de cette agitation spectaculaire se trouve l’un des fondateurs du parti, Robert Kona. Avec le soutien de ses alliés au sein du gouvernement, il s’est emparé du pouvoir en évinçant subtilement Cabral Libii, le président en exercice depuis 2018.
Le samedi 1er juin 2024, dans le département du Mayo Kani, région de l’Extrême-Nord, la faction de Robert Kona a tenu un congrès extraordinaire. L’objectif principal était de résoudre le conflit entre Cabral Libii et Robert Kona et d’élire un nouveau président national pour le parti. Cependant, cette faction a rapidement montré ses véritables intentions en prenant quatre résolutions clés lors de cette réunion.
Premièrement, Robert Kona a été élu à l’unanimité en tant que nouveau président national du PCRN, succédant ainsi à Cabral Libii. Deuxièmement, 24 cadres et militants ont été exclus pour non-respect des statuts et règlement intérieur du parti. Parmi eux se trouvent des personnalités de premier plan telles que le président national Cabral Libii, les fondateurs Albert Fleuri Massardine et William Wanfeo, ainsi que le secrétaire général Boubakari Massardine et le secrétaire à la communication Armand Okol. Ces exclusions montrent clairement que la faction de Kona souhaite éliminer toute opposition à son pouvoir.
Le moment le plus marquant de ce congrès a sans aucun doute été l’appel lancé au président de la République, chef du parti au pouvoir RDPC, de se présenter à l’élection présidentielle de 2025. Un appel puissant qui témoigne des intentions de la faction de Robert Kona. Enfin, les militants de cette faction ont réaffirmé leur engagement envers la réconciliation et le renouveau, ainsi que leur fidélité envers les institutions de la République et leurs dirigeants.
Cependant, on ne peut s’empêcher de noter que ce congrès a eu lieu en violation de l’interdiction prononcée par le tribunal de première instance de Maroua dans sa décision du 23 mai dernier. La décision a été contestée en appel par le camp de Robert Kona mais reste en attente d’une décision finale. C’est ce qui a permis au camp de Robert Kona de programmer rapidement ce congrès.
De plus, un autre tribunal de première instance a été saisi par le camp de Cabral Libii pour annuler le congrès qui a mené à son élection en mai 2019. Il est évident que les enjeux politiques sont élevés au sein du PCRN et que Robert Kona est déterminé à consolider son pouvoir au sein du parti. L’affrontement entre les deux factions est donc à surveiller de près dans les jours et mois à venir.