Accord UA-Somalie : Déploiement de 2 500 Soldats Éthiopiens sous l’AUSSOM pour la Sécurité Régionale

5 Min de lecture

Déploiement de troupes en Somalie : Vers un tournant stratégique dans la stabilisation régionale

Cette année marque un changement significatif dans la présence militaire africaine en Somalie. Avec le lancement officiel de la Mission de soutien et de stabilisation de l’Union africaine en Somalie (AUSSOM), un nouveau chapitre s’ouvre pour les efforts multilatéraux de paix dans la Corne de l’Afrique.

Objectif de la mission AUSSOM

Remplaçant l’ancienne Mission africaine de transition en Somalie (ATMIS), qui a progressivement été réduite en effectifs depuis 2022, l’AUSSOM vise à :

  • Consolider les progrès sécuritaires obtenus lors de la précédente mission ;
  • Appuyer militairement le gouvernement de Mogadiscio dans sa lutte contre les groupes armés, principalement Al-Shabaab ;
  • Renforcer la stabilité institutionnelle jusqu’à l’échéance prévue de 2028.

Pays contributeurs et forces mobilisées

Le déploiement militaire prévu rassemble un contingent multinational de près de 12 000 soldats, sans compter les officiers de police et les unités spéciales de sécurité. Voici un aperçu détaillé des contributions nationales :

Troupes militaires

  • Ouganda : 4 500 soldats — plus grosse contribution militaire.
  • Éthiopie : 2 500 soldats, approuvés par le gouvernement somalien et l’Union africaine.
  • Égypte : 1 091 soldats — première participation militaire égyptienne sur le sol somalien.
  • Djibouti : 1 520 soldats.
  • Kenya : 1 410 soldats.

Personnel policier

En complément, des contingents de police sont attendus :

Ces unités seront principalement affectées à Mogadiscio, Jowhar et Baidoa.

Une implication géopolitique accrue de l’Égypte

L’entrée de l’Égypte dans le cadre opérationnel de la sécurité en Somalie est notable. Historiquement absente des interventions militaires dans ce pays, Le Caire affirme aujourd’hui un ancrage stratégique plus affirmé dans la région. Cette évolution intervient dans un contexte tendu, marqué par une rivalité croissante avec l’Éthiopie, notamment autour de l’accord de corridor maritime controversé signé entre Addis-Abeba et le Somaliland, entité autoproclamée indépendante de la Somalie.

La contribution égyptienne, qui comprend également des éléments de maintien de l’ordre civil, est perçue par certains analystes comme un pas vers une politique étrangère plus proactive en Afrique de l’Est.

Contexte sécuritaire : Al-Shabaab toujours actif

Malgré les efforts conjugués de l’AUSSOM et des forces somaliennes, Al-Shabaab maintient son emprise sur certaines régions stratégiques. Le groupe, lié à Al-Qaïda, a mené plusieurs attaques audacieuses, y compris contre un convoi présidentiel escortant le chef d’État somalien, Hassan Sheikh Mohamud.

La réaction militaire a été conséquente :

  • L’armée de l’air éthiopienne a réalisé des frappes ciblées dans le Moyen Shabelle.
  • Les forces américaines et les Émirats arabes unis ont intensifié leurs opérations aériennes dans les bastions d’IS-Somalie, notamment au Puntland.
  • Les opérations terrestres conjointes se multiplient entre l’AUSSOM et l’armée somalienne.

Défis persistants

Malgré ce renforcement militaire, des facteurs internes fragilisent encore l’efficacité des opérations :

  • Divisions claniques et conflits tribaux entravent l’unité nationale.
  • Discordes politiques internes ralentissent la coordination logistique et stratégique.
  • Manque de financement chronique, même avec le soutien de l’Union africaine et de l’ONU.

Le rapport du Conseil de sécurité de l’ONU datant d’avril 2025 note que ces fractures sociales permettent à Al-Shabaab de manipuler certaines communautés et d’étendre son influence dans des zones rurales ou contestées.

Et maintenant ? Perspectives pour 2025-2028

Avec une échéance fixée à décembre 2028, la mission AUSSOM est censée transmettre progressivement ses responsabilités à l’armée nationale somalienne. Pour que cette rupture stratégique réussisse, plusieurs clefs apparaissent incontournables :

  • Appui financier stable de la communauté internationale ;
  • Formation renforcée des troupes locales dans la lutte contre l’insurrection asymétrique ;
  • Réconciliation intercommunautaire solide afin de restaurer la confiance.

En résumé, la transition d’ATMIS à AUSSOM n’est pas qu’un changement de nom : elle représente une tentative renouvelée de redonner à la Somalie une souveraineté sécuritaire réelle. Mais les défis structurels majeurs restent bien présents, et seuls le temps, la diplomatie régionale et un zeste de coordination militaire bien huilée diront si ce projet pourra vraiment produire des résultats durables.

Partager Cet Article
Laisser un commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Quitter la version mobile