Choc et indignation : la famille d’une fillette de 11 ans victimes d’abus sexuels réclame justice

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Le calvaire silencieux des violences sexuelles sur mineurs au Cameroun

Un drame familial à Douala : l’emprise de l’indicible

Douala, la vibrante capitale économique du Cameroun, s’est transformée en théâtre d’un récit déchirant. Une famille, ordinaire en apparence, a sombré dans la stupeur en découvrant que leur fillette de 11 ans subissait, depuis plus de deux ans, des tortures récurrentes, des viols et sévices sexuels perpétrés par le compagnon de sa propre mère. Une horreur aux ramifications glaçantes, qui rappelle combien la vulnérabilité des enfants se niche parfois au sein même de leur foyer.

Fanny Madelaine Syke Elembe, mère de la victime, n’est pas étrangère aux tourments : elle-même a été longtemps cible de violences conjugales. Au fil d’une relation de cinq ans, c’est dans un climat de peur et de menaces qu’elle a survécu, jusqu’au jour où l’impensable a frappé à nouveau, à travers sa fille.

Découvrant peu à peu la réalité sordide, Fanny s’est retrouvée confrontée à la négation catégorique et aux menaces de son conjoint, qui, loin d’admettre les faits, a tenté d’intimider toute velléité de dénonciation.

C’est finalement le frère de la fillette, témoin involontaire d’une scène accablante, qui est parvenu à discerner la vérité. Mais, comme souvent dans ces récits, la peur et le mutisme imposé ont relégué la famille dans une impasse psychologique et sociale.

Naviguant entre chagrin et colère, la mère a courageusement témoigné, face caméra sur les ondes de Canal 2, exhortant l’opinion publique à la solidarité et à l’empathie. « J’ai besoin d’aide. Il m’a déjà fait tant de mal… Cette fois, c’en est trop. Il a anéanti mon avenir. », a-t-elle regretté à voix basse.

Pressé d’agir, le père biologique de la victime a ordonné un examen médical approfondi. Le rapport médical, accablant, a révélé de nombreuses lésions, à la fois vaginales et anales, suspectées d’avoir compromis la fertilité future de l’enfant. Collins Nyamsi, l’oncle engagé dans le combat contre l’impunité, a rapidement alerté les autorités publiques. Suite à cela, le suspect a été arrêté par la police judiciaire, et une enquête a été officiellement diligentée. Du point de vue légal, au Cameroun, l’article 296 du Code pénal punit le viol de peines allant jusqu’à la perpétuité, mais la plupart des victimes, en pratique, n’obtiennent pas réparation.

La face cachée d’une crise nationale : chiffres et tabous

Ce drame n’est malheureusement que la pointe de l’iceberg. D’après un rapport de l’UNICEF et des ONG locales, près de 90 % des abus sexuels sur enfants surviennent au sein du cercle familial ou de proches, accentuant la difficulté de révéler ces vérités fragiles. La société camerounaise, marquée par le poids du silence, la peur du scandale et l’ignorance, entretient un environnement où l’enfant victime se mure dans la honte, sans souvent obtenir justice ni protection.

  • Plus d’un million de personnes au Cameroun nécessitent chaque année une protection contre les violences sexuelles ou basées sur le genre (source : Human Rights Watch, 2023).
  • Selon le Ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille, seulement 1 victime sur 10 ose porter plainte, tant la stigmatisation demeure ancrée dans les mœurs.

Agir : pistes concrètes et défis persistants

Face à cette tragique épidémie, experts et militants recommandent de révolutionner les réflexes d’éducation et de protection au niveau des foyers. Plusieurs pistes émergent pour inverser la tendance :

  • Renforcement de l’éducation sexuelle : Dès l’école primaire, instaurer des modules d’enseignement sur le consentement, la notion de corps propre, et l’importance de parler lorsqu’on se sent en danger.
  • Création d’espaces sécurisés dans les quartiers et établissements scolaires où les enfants peuvent s’exprimer sans tabou ni peur de représailles.
  • Formation des parents et sensibilisation communautaire : Organiser des rencontres mensuelles avec les leaders d’opinion et les associations locales pour débattre et informer sur la réalité des violences domestiques.
  • Renforcement de la législation et de l’accès à la justice : Accélérer les procédures, offrir un accès gratuit à l’aide juridique, et veiller à la protection effective des témoins et victimes.

Briser le mur du silence

L’histoire de cette jeune victime à Douala n’est hélas pas un cas isolé. Pour espérer enrayer ce phénomène, il est capital de briser le silence, d’oser écouter et d’éduquer sans relâche. La vigilance collective, l’empathie et le courage des témoins, tout autant que l’action législative, conditionnent la sécurité et le futur de milliers d’enfants camerounais.

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