Quand les pays changent de nom : Le vrai visage de la Suède, du Japon et d’autres nations
Saviez-vous que ce que nous appelons « Suède », « Grèce » ou « Japon » sont en fait des exonymes, c’est-à-dire des noms donnés par des étrangers et non par les habitants eux-mêmes ? Plongeons dans l’histoire cachée des noms de pays et découvrons leur signification profonde, bien au-delà de ce que nous apprennent les manuels scolaires.
Pourquoi les pays ont-ils souvent deux noms ou plus ?
On distingue généralement deux types de noms pour un pays : l’endonyme, c’est-à-dire celui utilisé localement, et l’exonyme donné par des peuples extérieurs. Ces différences sont souvent issues de malentendus, de difficultés de prononciation, ou même d’arguments géopolitiques. Elles sont parfois maintenues pour des raisons de tradition, mais reflètent aussi l’histoire complexe de relations internationales, de colonisation et d’échanges commerciaux.
7 pays dont le vrai nom va vous surprendre
- eSwatini (anciennement Swaziland)
- Macédoine du Nord
- Suède (Sverige)
- Japon (Nippon ou Nihon)
- Grèce (Hellas)
- Finlande (Suomi)
- Tchéquie (République tchèque)
1. eSwatini : retrouver un héritage oublié
En 2018, à l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance du Swaziland, le roi Mswati III a renommé son pays le Royaume d’eSwatini, signifiant littéralement « le pays des Swazis » dans la langue locale. L’ancien nom mêlait influences coloniales anglaises et identité swazi, un mélange qui ne convenait plus à la volonté moderne de retour aux racines.
Ce changement ne s’est pas fait isolément : il s’inscrit dans une tendance visible ailleurs en Afrique, où de nombreux États cherchent à effacer les traces coloniales de leur identité nationale. Cela va bien au-delà du symbole, car la manière dont un pays se nomme influe sur la manière dont il est perçu dans le monde entier.
2. Macédoine du Nord : quand un nom devient une question diplomatique
Peu de disputes géopolitiques ont été aussi farouches que celle entourant le nom « Macédoine ». Suite à un long contentieux avec la Grèce, voisine du même nom, ce petit État balkanique a officiellement adopté en 2019 l’appellation « République de Macédoine du Nord ». Les Grecs tenaient à préserver l’exclusivité de leur héritage historique et culturel.
3. Suède ou Sverige : le nom caché derrière la carte
Si vous provenez de France ou d’ailleurs, vous dites sûrement “Suède”. Mais la vraie appellation, dans la langue du pays, c’est “Sverige”. Ce mot remonte au Moyen Âge, désignant le « royaume des Svear », un peuple germanique qui fonda l’actuel cœur de la nation.
Le terme “Suède” serait un dérivé de la version hollandaise « Zweden ».
4. Japon : Nippon ou Nihon, mais jamais “Japan” !
Le “Japon” que nous connaissons dans nos livres de géographie n’a jamais été utilisé par les habitants de l’archipel. Localement, on parle de “Nippon” ou “Nihon”, signifiant « l’origine du soleil », d’où le surnom poétique “pays du soleil levant”.
Curieusement, le nom « Japan » découlerait d’une “déformation” via le chinois « Rìběn » (prononcé Djipen) et sa transcription par des marchands portugais au XVIe siècle. On le trouve aujourd’hui dans la majorité des langues européennes.
5. Grèce : Hellas, mais Grecs pour l’Occident
En grec moderne, la nation se nomme « Hellas » (Ἑλλάς) ou « Ellinikí Dimokratía » (République hellénique). Pourtant, du temps de l’Empire romain, les Latins désignent la région par « Graecia », le terme qui s’est répandu dans toute l’Europe via le latin savant.
- Hellenes : Nom que les citoyens se donnent à eux-mêmes
- Grecs : Nom d’origine latine utilisé internationalement
6. Finlande = Suomi : entre lacs, forêts et identité ancienne
L’histoire du nom finlandais est rare et un peu énigmatique. Le terme « Suomi » serait antérieur même à la nation actuelle, il pourrait dériver d’anciennes tribus de la région ou de l’expression « suomaa » (terre de marais). L’appellation « Finlande » a été imposée par les Suédois, maîtres du territoire pendant sept siècles. Ce n’est que récemment que les habitants revendiquent davantage leur autonyme, par fierté nationale et linguistique.
7. République tchèque ou Tchéquie ?
Le raccourci « Tchéquie » (Czechia, en anglais) est adopté officiellement en 2016 pour éviter les lourdeurs de « République tchèque ». Pourtant, le nom tarde à entrer dans les usages internationaux, tant le terme précédent est ancré dans l’imaginaire collectif depuis la partition de la Tchécoslovaquie.
Petit détail : Dans les matchs sportifs ou les compétitions internationales, la version courte est maintenant souvent préférée, même si elle suscite encore quelques hésitations, parfois cocasses (beaucoup prononcent mal “Czechia”, alors que “Czech Republic” semblait plus clair).
Pourquoi est-ce important de connaître les noms réels ?
- Respect des identités nationales : Utiliser l’endonyme montre une attention à la culture locale et à l’histoire du pays.
- Nuance géopolitique : Certains noms sont utilisés pour marquer un territoire (exemple : la dispute sur “Macédoine”).
- Dialogue interculturel : Connaître les différents noms facilite les échanges diplomatiques, commerciaux et touristiques.
Un nom, bien plus qu’une étiquette
Les noms des pays ne sont pas de simples mots sur une carte : ils portent des histoires, des luttes et des aspirations. Derrière chaque exonyme se cache souvent une bataille identitaire, un héritage colonial ou une maladresse linguistique. La prochaine fois que vous dénommerez un pays, pensez à l’histoire que ce nom porte avec lui et pourquoi pas, à utiliser son nom authentique si vous la connaissez.