Commémoration de Bob Marley au TCHAD : Le Reggae, un Héritage Éternel à Découvrir

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Le reggae au Tchad : Héritage de Marley et défis contemporains

Chaque 11 mai, une onde vibratoire particulière traverse le globe. Cette date symbolique marque l’anniversaire de la disparition de Bob Marley, décédé en 1981, mais demeuré une figure mondiale de la musique reggae et un symbole vivant, presque prophétique, de paix, de justice sociale et de lutte contre l’oppression.

Au Tchad, pays d’Afrique centrale où les musiques traditionnelles cohabitent avec les courants modernes, la mémoire de Marley reste vive. À N’Djamena, plusieurs artistes se rassemblent chaque année pour lui rendre hommage, mais aussi pour réfléchir à l’avenir, parfois nébuleux, du reggae local.

Un héritage musical toujours vivace

Le reggae, né dans les quartiers populaires de Kingston, en Jamaïque, s’est diffusé mondialement non seulement grâce à ses rythmes hypnotiques, mais par la densité de ses messages. Il ne s’agit pas simplement de musique : c’est une forme d’expression, de conscience, de revendication. Bob Marley en a été le porte-voix planétaire. Et aujourd’hui encore, cette musique porte une vision du monde teintée de vérité crue.

Pour N2A Teguil, figure engagée du reggae tchadien, cette dimension ne s’est jamais éteinte :

« Le reggae, c’est un art de vérité. Partout dans le monde, il reste en mission. Ce n’est pas une musique commerciale, il dérange parfois, parce qu’il dit ce que d’autres préfèrent taire. »

Ce positionnement du reggae comme force contestataire et éducative explique à la fois son pouvoir et… ses obstacles.

Obstacles et marginalisation

Malgré son potentiel, le reggae tchadien reste relativement marginalisé. Plusieurs raisons expliquent cette situation :

  • Répression sociopolitique : Le contexte tchadien n’est pas toujours favorable aux formes artistiques subversives. Une musique qui critique l’injustice ou interpelle l’autorité peut se retrouver censurée ou ignorée.
  • Absence de relais institutionnels : Comme le souligne Guevara Radjil Fal, directeur artistique du Festival Afro’One : « La musique engagée est mal vue. Il y a peu de structures capables de soutenir ce genre. Du coup, les jeunes artistes hésitent à faire du reggae, ça les décourage. »
  • Désaffection des jeunes : Dans un monde dominé par l’afrobeat, le rap ou encore la pop urbaine, des courants plus spirituels comme le reggae peinent à séduire la jeunesse tchadienne, qui recherche souvent le succès immédiat ou l’approbation sociale.

Vérité, éducation, justice : des piliers ébranlés

Pour Did’s Jah Mtato, artiste reggae et activiste pacifiste, le constat est clair : la société tchadienne et le reggae semblent avancer en parallèle, sans jamais vraiment se croiser :

« Reggae, ça veut dire dire les choses telles qu’elles sont. Ça éduque, ça interpelle. Mais ici, au Tchad, c’est compliqué. La vérité n’est pas toujours bienvenue, et ça rend la mission du reggae encore plus difficile. »

Son témoignage met en lumière une réalité plus large : l’accès à une liberté d’expression artistique pleine et entière reste fragile dans certains contextes nationaux. Pourtant, les artistes persistent avec passion.

Une lueur d’espoir ?

Malgré ces ombres, les artistes tchadiens ne renoncent pas. Certains festivals, à l’instar de Afro’One, offrent une plateforme aux musiques alternatives. Des ateliers de formation, initiés par des collectifs locaux ou soutenus par des organismes internationnaux, émergent aussi sporadiquement pour transmettre les fondements du reggae aux plus jeunes.

D’ailleurs, le 11 mai n’est pas qu’un moment de commémoration ; c’est aussi un prétexte pour semer à nouveau, pour faire circuler la vibration, comme dirait Marley. Et peut-être qu’avec persévérance, un nouveau souffle prendra racine.

Le reggae vit une époque difficile, tiraillé entre une mémoire à faire perdurer et des défis contemporains qui freinent sa transmission. Mais les voix comme celles de N2A Teguil, Guevara Radjil Fal ou Did’s Jah Mtato rappellent que tant qu’il y aura des artistes engagés, la flamme ne s’éteindra pas.

Peut-être que la prochaine génération de musiciens, avec l’accompagnement qu’elle mérite, saura donner au reggae tchadien un second souffle. En attendant, chaque note jouée chaque 11 mai résonne comme un acte de résistance.

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