Et si seulement j’avais…

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On a tous eu cette petite voix dans la tête. Celle qui murmure tard le soir, quand la maison est silencieuse et que les pensées deviennent plus bruyantes. Cette voix commence souvent par deux mots tout simples : « Si seulement… »

C’est drôle comme ces mots peuvent nous transporter ailleurs en un clin d’œil. Ils ouvrent la porte à un monde parallèle, une sorte de version rêvée de notre vie, où l’on aurait choisi autrement, parlé différemment, aimé plus fort, fui plus tôt… Une vie où on aurait dit oui à ce projet fou, ou non à ce compromis amer. Une vie où, qui sait, on serait peut-être heureux autrement.

Ce genre de réflexion, les psys appellent ça la pensée contrefactuelle. C’est ce petit jeu que fait notre cerveau pour réécrire l’histoire, en se disant que si on avait agi autrement, tout aurait été mieux. En gros, c’est notre esprit qui devient scénariste d’un film alternatif, où on tient enfin le rôle principal au lieu de rester dans les coulisses de notre propre vie.

Mais voilà le hic : ce scénario-là est toujours trop parfait. Il gomme les galères, les imprévus, les contradictions. Il nous vend une version idéalisée d’un choix qu’on n’a jamais vraiment testé. C’est comme feuilleter une brochure de vacances où il fait toujours beau, sans moustiques ni valises perdues. La vie, la vraie, est rarement aussi lisse.

Et pourtant, on s’accroche à ce « si seulement » comme à une corde lancée vers le passé. On y projette tous nos regrets, toutes nos blessures pas encore refermées. Parfois, c’est utile. Ça nous aide à comprendre, à apprendre. Mais si on s’y attarde trop longtemps, on finit par s’y perdre. On reste bloqué à regarder dans le rétroviseur, au lieu de lever les yeux et regarder sur la route encore devant nous.

Il y a un petit mot qui peut tout changer : « Et maintenant ? »

C’est là que la magie opère. Ce simple glissement du passé vers le présent réactive notre pouvoir d’agir. Au lieu de ruminer ce qu’on n’a pas fait, on peut commencer à envisager ce qu’on peut encore faire. Oui, on a peut-être loupé une opportunité, une histoire, un virage. Mais il reste du chemin. Il reste des choix, des gens à rencontrer, des virages à prendre (ou à éviter).

Dans ce grand manège qu’est la vie, « si seulement » et « au moins » sont comme des balises. Le premier amplifie le regret, l’autre nous console un peu : « J’ai peut-être raté ça… mais au moins, j’ai appris. J’ai grandi. Je suis encore là. »

Et si, au fond, c’était ça le vrai pouvoir du regret ? Pas celui de nous enchaîner au passé, mais de nous réveiller. De nous rappeler qu’on n’a pas fini d’écrire notre histoire. Et que parfois, la page suivante peut être plus belle que toutes celles qu’on aurait rêvé écrire.

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