vendredi, décembre 27

Ce que les fourmis peuvent nous apprendre sur la collaboration et le travail d’équipe pour le bien commun

La contagion sociale dans les sociétés de fourmis : un phénomène fascinant

Les sociétés de fourmis sont parmi les structures les plus fascinantes de la nature. En effet, comment de si petites créatures parviennent-elles à mettre en place des réseaux sociaux si complexes ? Ces réseaux sont si élaborés que la colonie elle-même est parfois qualifiée de “superorganisme”, où les fourmis individuelles sont les composants.

L’impact de la contagion sociale sur le comportement des fourmis

Un article récent publié dans la revue PNAS Nexus explore de quelle manière le comportement des fourmis est influencé par la contagion sociale. Ce phénomène se produit lorsque le comportement d’un individu se propage à l’ensemble du groupe, créant ainsi ce que l’on appelle un “comportement de masse”.

La contagion sociale est un processus courant chez de nombreux animaux sociaux, des fourmis aux poissons en passant par les oiseaux et les humains. Cependant, si elle peut être bénéfique en favorisant la coopération et l’action collective, cette étude met en lumière les conséquences néfastes potentielles, telles que la panique de masse et les bousculades. C’est pourquoi les chercheurs soulignent l’existence de ce qu’ils appellent la “contagion sociale inversée” dans les sociétés animales pour contrebalancer les effets négatifs de la contagion sociale.

La contagion sociale inversée chez les fourmis

La contagion sociale résulte de la propension d’un individu à imiter un comportement qu’il observe chez ses congénères, tandis que la contagion sociale inversée survient lorsque les individus sont moins enclins à faire quelque chose s’ils voient leurs pairs déjà engagés dans cette même activité. Cette régulation permet d’éviter que des groupes entiers ne se lancent dans une activité, quelle que soit son utilité.

Les chercheurs ont observé que les conséquences négatives de la contagion sociale sont étonnamment rares chez les fourmis, suggérant ainsi que la contagion sociale inversée joue un rôle crucial dans leurs sociétés. Pour quantifier son impact, ils ont étudié l’activité individuelle de fourmis moissonneuses au sein de 12 colonies de tailles variées. Leur constat est surprenant : contrairement à ce que l’on pourrait penser, dans une colonie plus grande, on ne constate pas nécessairement une augmentation du nombre de fourmis présentant le même comportement. Cela suggère l’influence de la contagion sociale inversée.

Comparaison avec les sociétés humaines

Cette observation est en net contraste avec les sociétés humaines où le niveau d’activité des individus tend à augmenter avec la taille de la population. À titre d’exemple, lorsque des fourmis observent leurs congénères en train de collecter de la nourriture, elles économisent leur énergie afin de se focaliser sur des tâches potentiellement plus bénéfiques pour la colonie. En revanche, chez les humains, la crainte de manquer de nourriture peut conduire à une réaction opposée, surtout lorsque la population est importante.

Crédit image : Anna Sawulska.

Les implications dans la compréhension des différences entre les sociétés humaines et les insectes sociaux

Simon Garnier, co-auteur de l’article et professeur associé de sciences biologiques au New Jersey Institute of Technology, souligne que “le comportement humain est souvent motivé par des intérêts personnels, alors que les fourmis tendent à donner la priorité aux besoins de la colonie plutôt qu’aux leurs.” Cette observation a des implications majeures dans la compréhension des différences fondamentales entre l’organisation des sociétés humaines et celle des insectes sociaux.

En conclusion, cette étude suggère que les colonies de fourmis pourraient être décrites comme des “superorganismes”, où l’unité fondamentale est la colonie elle-même et non l’individu. Cela met en lumière la complexité et l’efficacité des mécanismes régulateurs présents au sein des sociétés de fourmis.

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