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Ce que les fourmis peuvent nous apprendre sur la collaboration et le travail d’équipe pour le bien commun

La contagion sociale dans les sociétés de fourmis : un phénomène fascinant

Les sociétés de fourmis sont parmi les structures les plus fascinantes de la nature. En effet, comment de si petites créatures parviennent-elles à mettre en place des réseaux sociaux si complexes ? Ces réseaux sont si élaborés que la colonie elle-même est parfois qualifiée de “superorganisme”, où les fourmis individuelles sont les composants.

L’impact de la contagion sociale sur le comportement des fourmis

Un article récent publié dans la revue PNAS Nexus explore de quelle manière le comportement des fourmis est influencé par la contagion sociale. Ce phénomène se produit lorsque le comportement d’un individu se propage à l’ensemble du groupe, créant ainsi ce que l’on appelle un “comportement de masse”.

La contagion sociale est un processus courant chez de nombreux animaux sociaux, des fourmis aux poissons en passant par les oiseaux et les humains. Cependant, si elle peut être bénéfique en favorisant la coopération et l’action collective, cette étude met en lumière les conséquences néfastes potentielles, telles que la panique de masse et les bousculades. C’est pourquoi les chercheurs soulignent l’existence de ce qu’ils appellent la “contagion sociale inversée” dans les sociétés animales pour contrebalancer les effets négatifs de la contagion sociale.

La contagion sociale inversée chez les fourmis

La contagion sociale résulte de la propension d’un individu à imiter un comportement qu’il observe chez ses congénères, tandis que la contagion sociale inversée survient lorsque les individus sont moins enclins à faire quelque chose s’ils voient leurs pairs déjà engagés dans cette même activité. Cette régulation permet d’éviter que des groupes entiers ne se lancent dans une activité, quelle que soit son utilité.

Les chercheurs ont observé que les conséquences négatives de la contagion sociale sont étonnamment rares chez les fourmis, suggérant ainsi que la contagion sociale inversée joue un rôle crucial dans leurs sociétés. Pour quantifier son impact, ils ont étudié l’activité individuelle de fourmis moissonneuses au sein de 12 colonies de tailles variées. Leur constat est surprenant : contrairement à ce que l’on pourrait penser, dans une colonie plus grande, on ne constate pas nécessairement une augmentation du nombre de fourmis présentant le même comportement. Cela suggère l’influence de la contagion sociale inversée.

Comparaison avec les sociétés humaines

Cette observation est en net contraste avec les sociétés humaines où le niveau d’activité des individus tend à augmenter avec la taille de la population. À titre d’exemple, lorsque des fourmis observent leurs congénères en train de collecter de la nourriture, elles économisent leur énergie afin de se focaliser sur des tâches potentiellement plus bénéfiques pour la colonie. En revanche, chez les humains, la crainte de manquer de nourriture peut conduire à une réaction opposée, surtout lorsque la population est importante.

Crédit image : Anna Sawulska.

Les implications dans la compréhension des différences entre les sociétés humaines et les insectes sociaux

Simon Garnier, co-auteur de l’article et professeur associé de sciences biologiques au New Jersey Institute of Technology, souligne que “le comportement humain est souvent motivé par des intérêts personnels, alors que les fourmis tendent à donner la priorité aux besoins de la colonie plutôt qu’aux leurs.” Cette observation a des implications majeures dans la compréhension des différences fondamentales entre l’organisation des sociétés humaines et celle des insectes sociaux.

En conclusion, cette étude suggère que les colonies de fourmis pourraient être décrites comme des “superorganismes”, où l’unité fondamentale est la colonie elle-même et non l’individu. Cela met en lumière la complexité et l’efficacité des mécanismes régulateurs présents au sein des sociétés de fourmis.

La punition, clé de voûte de la vie en communauté chez les poissons ?

Les poissons peuvent-ils utiliser la punition pour promouvoir la coopération ?

Une étude menée par des chercheurs de l’Université métropolitaine d’Osaka a révélé que oui. L’équipe a découvert que le Neolamprologus savoryi, un poisson cichlidé, utilise des châtiments corporels pour encourager ses petits à aider, montrant ainsi des compétences sociales et cognitives avancées. Les résultats ont été publiés dans Animal Behaviour le 6 avril.

Alors que l’utilisation de la punition pour stimuler la coopération est courante chez les humains depuis des siècles, les chercheurs se sont demandé comment les animaux le font. Après une étude de plusieurs années, ils ont constaté que les poissons N. savoryi, en particulier les reproducteurs dominants et leur progéniture, attaquaient les assistants inactifs dans un laboratoire pour les encourager à coopérer.

Selon le professeur Satoshi Awata, bien que la punition chez ces poissons ait été étudiée, des preuves limitées montrent qu’elle favorise un comportement coopératif. L’étude montre que les animaux utilisent également la punition pour encourager la coopération et maintenir les relations sociales. Les résultats montrent que les poissons, comme les humains, utilisent des compétences cognitives avancées pour soutenir leur société.

Les chercheurs ont noté que les assistants soumis à l’agression ont augmenté leurs efforts d’aide, tandis que les assistants proactifs ont évité l’agression. Cela suggère que la punition peut effectivement promouvoir un comportement utile, même chez les animaux.

En conclusion, cette étude montre que chez certaines espèces de poissons, punir la progéniture conduit à une meilleure coopération et à un meilleur travail d’équipe. Cela nous permet de mieux comprendre comment évolue le comportement coopératif chez les animaux. Il est clair que les poissons, et pas seulement les humains, utilisent la punition pour maintenir l’ordre social et favoriser la coopération dans leur société.