Lutte contre la fraude amoureuse : Le Ghana et le Royaume-Uni s’associent pour endiguer l’escroquerie sentimentale
L’Office du crime économique et organisé (EOCO) du Ghana, avec la collaboration de la National Crime Agency (NCA) britannique, a récemment inauguré une vaste campagne visant à combattre le phénomène croissant de la fraude amoureuse.
Qu’est-ce que la fraude amoureuse ?
Selon l’EOCO, la fraude amoureuse consiste en une relation romancée bâtie sur des dissimulation et fausses déclarations dans le but d’escroquer le/la partenaire abusé(e). Les escrocs se servent le plus souvent de réseaux sociaux et de plateformes de rencontre pour établir contact, gagnent la confiance de leurs victimes, puis leur soutirent progressivement des sommes d’argent à travers des prétextes mensongers.
Exemple concret : Une personne, pensant communiquer avec un “amant” étranger, peut être persuadée d’envoyer de l’argent pour couvrir des frais médicaux ou débloquer un prétendu héritage, alors qu’il s’agit d’une histoire ficelée de toutes pièces.
Une campagne coordonnée et multifacette
Cette initiative, véritable plaidoyer contre l’impunité, comprend :
- Des programmes radiophoniques visant à éduquer le public sur les mécanismes de la fraude sentimentale ;
- Des ateliers et sessions de sensibilisation dans divers quartiers pour atteindre les populations vulnérables ;
- La création de canaux confidentiels pour permettre aux victimes de signaler les faits et solliciter des enquêtes.
Ce déploiement d’actions, qui s’étendra sur toute l’année, vise autant à prévenir qu’à réprimer, en insistant auprès des victimes sur l’importance de briser le silence. Il s’agit pour Edward Cudjoe, directeur administratif de l’EOCO, de « redorer l’image du Ghana », ternie par le rôle croissant du pays dans ces escroqueries transnationales.
Pourquoi cette alliance Ghana – Royaume-Uni ?
À la faveur de la mondialisation, la fraude sentimentale a pris une ampleur inquiétante. Les représentants britanniques, par la voix de Dominic Cummins (NCA), font état d’une hausse alarmante de cas au Royaume-Uni, attribués en majorité à des réseaux opérant depuis le Ghana.
Dans ce contexte, le partenariat EOCO–NCA permet :
- Partage d’informations et de renseignements détaillés sur les modus operandi des escrocs ;
- Soutien logistique et financier pour déployer les investigations sur le terrain ;
- Coordination des poursuites judiciaires des fraudeurs, aussi bien au Ghana qu’au Royaume-Uni.
Données récentes et impact local
La lutte contre ce fléau s’appuie sur des statistiques parlantes :
- Depuis 2021, 107 cas de fraudes sentimentales ont été officiellement recensés par l’EOCO au Ghana.
- L’année dernière, 25 nouveaux cas ont été rapportés, et déjà 7 cas pour le début de cette année (2024), chiffres probablement sous-estimés car la honte empêche bien des victimes de se manifester.
- Sur le plan financier, plus de 2,2 millions de GH¢ ont été récupérés, dont près de 454 000 GH¢ ont déjà été rapatriés. Des procédures sont en cours pour restituer le solde aux victimes.
Ces données révèlent l’ampleur du mal, mais aussi la capacité de réponse des institutions engagées.
Comment se protéger de la fraude amoureuse ?
- Vérifier l’identité de toute personne rencontrée en ligne avant d’entamer une relation ou de transférer de l’argent.
- Refuser systématiquement tout transfert d’argent à quelqu’un que l’on n’a jamais vu en personne.
- Consulter les autorités ou en parler à des proches avant de prendre des décisions financières à la suite d’une sollicitation “romantique”.
Plusieurs organisations internationales, telles que Interpol ou Europol, fournissent également des guides pratiques pour repérer les manipulations sentimentales sur Internet.
Encourager la dénonciation : une nécessité
Les responsables de l’EOCO insistent sur le fait que sans la mobilisation citoyenne, toute politique de lutte restera incomplète. Ils exhortent les victimes et le public à signaler les cas, même anciens, sans peur de représailles ou de stigmatisation. Le but ? Que chaque fraudeur soit mis hors d’état de nuire, et que l’impunité devienne, elle, marginale.