En 2015, j’ai vécu une expérience qui a profondément marqué ma vie. Pour le réveillon du nouvel an, j’ai décidé de quitter le sud du Ghana, où j’ai passé toute ma vie, pour aller dans la région du nord avec un ami. Je voulais ressentir quelque chose de différent, découvrir une nouvelle culture et vivre de nouvelles émotions.
J’ai passé Noël dans une communauté musulmane et pour eux, cette fête n’avait pas beaucoup de signification. Seuls quelques chrétiens vivaient cette période de l’année avec une certaine ferveur. Le temps s’écoulait doucement et je réalisais à peine que Noël était déjà passé. Mais tout allait changer le soir du Nouvel An, lorsque mon amie m’a invité à l’accompagner à l’église.
Je lui ai demandé, surpris : « Vous avez une église ici ? Dans cette communauté où je n’ai vu que des musulmans ? » Elle m’a alors parlé d’un prophète qui possédait une petite église au coin de la rue, où les personnes de toutes confessions pouvaient se rendre pour obtenir des prophéties. Au mot « prophète », une petite voix dans ma tête me disait de ne pas y aller. Pour une raison quelconque, j’avais toujours eu du mal à faire confiance aux personnes affirmant être porteuses de messages divins. J’avais l’impression qu’ils jouaient sur les émotions des gens, en particulier de ceux qui étaient vulnérables. Mais mon amie a insisté : « Tu dois vivre cette expérience, c’est différent. Il dîne avec Dieu et discute avec les anges. » Finalement, je me suis laissé convaincre. Pas tellement à cause de ses paroles, mais plutôt parce que je savais que cela la rendrait heureuse.
L’église était pleine de personnes de toutes sortes. Le prophète, un homme grand et discret, était assis sur un siège en hauteur, comme pour symboliser sa position de messager de Dieu. Tout ce qui s’est passé ce soir-là était électrique. Les danses, les tambours, les chants, les applaudissements. J’adore la musique, donc je me suis laissé emporter par l’ambiance et les rythmes entraînants. Lorsque le prophète est descendu de son trône, il a commencé à faire des prophéties. Il a mentionné des noms et évoqué des événements dans la vie des personnes présentes dans l’église ce soir-là. Jusqu’à ce qu’il en arrive à moi et mon amie, assises ensemble dans un coin.
Il m’a regardé droit dans les yeux et m’a dit : « Toi, tu n’es pas à ta place ici. Tu viens de la ville, c’est ça ? » Je lui ai acquiescé. Il m’a pris la main et m’a fait avancer jusqu’au centre de l’église. Il m’a dit que Dieu lui avait donné un message pour moi. J’ai hoché la tête, sans vraiment savoir à quoi m’attendre. Mon amie, assise à côté de moi, souriait de toutes ses dents, probablement heureuse que je fasse partie de la fête. Le prophète m’a alors délivré un message qui a résonné en moi comme un coup de tonnerre :
« Il y a un homme dans ta vie. Tu le connais depuis longtemps. Mais Dieu me dit de te dire de ne pas l’épouser. » « As-tu un petit ami ? », m’a-t-il demandé. J’ai hoché la tête. « As-tu des problèmes avec lui ? Te trompe-t-il ? Te maltraite-t-il ? T’apporte-t-il tout ce dont tu as besoin ? », m’a-t-il pressé. J’ai répondu : « Il est bon avec moi. Il ne m’a pas fait beaucoup de mal depuis que nous sommes ensemble. » « Ne l’épouse pas », m’a-t-il alors ordonné. « Dieu a été très précis. Il m’a directement demandé de te dire de ne pas épouser ton petit ami. Si tu le fais, ton avenir ne sera pas brillant. »
Un an plus tard, j’ai fini par épouser mon petit ami. Mais je n’ai jamais oublié la voix du prophète et ses paroles. Même au moment de dire « oui » devant le prêtre, sa voix résonnait dans ma tête : « Ne l’épouse pas. L’avenir ne sera pas brillant. » Je n’avais pas peur, mais ces mots résonnaient en moi et m’enpêchaient parfois de dormir. Le fait que je vous raconte aujourd’hui cette histoire prouve que les paroles du prophète continuent de me hanter.
Mon amie, qui m’avait invité à assister au service religieux, m’avait demandé de suivre les recommandations du prophète. Elle était mon témoin de mariage et était heureuse pour moi, mais la prophétie restait gravée dans son esprit. Je lui ai dit : »Dieu a ses raisons de nous cacher l’avenir. Nous mourrons tous un jour, mais nous ne savons pas quand. C’est la beauté de la vie. Et je veux vivre mon mariage sans savoir ce que le futur nous réserve. Je veux voir cet avenir, aussi sombre soit-il, et voir quelle lumière mon mari et moi pourrons y apporter. Attendons de voir. »
Lorsque nous avons eu du mal à concevoir un enfant, je me suis encore souvenue de la voix du prophète et j’ai souri. « C’est donc ça, le futur dont il a parlé ? » Lorsque j’ai eu de graves complications lors de ma grossesse et que j’ai failli mourir en accouchant, je me suis souvenue de ces paroles. Lorsque mon enfant est tombé gravement malade et que nous étions à l’hôpital, je me suis rappelée la voix du prophète. Quand mon mari a perdu son emploi, j’ai entendu la voix du prophète. Alors que mon mari luttait pour trouver un travail après deux ans de chômage, que je suis tombée malade et que notre fils s’est blessé en tombant de son lit, je me rappelais des paroles du prophète. Un désastre après l’autre m’a fait comprendre que le prophète avait raison. « Je n’aurais jamais dû épouser cet homme. Nous sommes maudits. »
Un soir, j’ai appelé mon ami et lui ai dit : « Peut-être que ton prophète avait raison. Les choses ne vont pas bien. » Mon ami m’a répondu :
« Ce que tu traverses n’est pas nouveau. La vie est ainsi faite. Nous faisons face à des difficultés. Nous les résolvons et d’autres surgissent. C’est ainsi que la vie fonctionne. Tout ira bien. Cela n’a rien à voir avec la prophétie. »
Depuis ce jour, nous avons eu deux autres enfants. Mon mari est maintenant directeur de son entreprise. J’ai également obtenu un emploi bien rémunéré grâce à son influence. Nous avons même lancé notre propre entreprise ensemble en 2018, juste avant l’arrivée de la pandémie de Covid-19 qui a tout détruit. Nous avons accumulé une énorme dette.
Mais lorsque la voix du prophète a essayé de se manifester encore, je l’ai refoulée. Je me suis dit :
« Cela arrive dans la vie. Ce n’est pas une question de prophétie. C’est ainsi que la vie est. Habituellement, nous n’avons pas le contrôle sur les choses ».
Mesdames, messieurs, après avoir lu cette histoire, on peut dire que les paroles peuvent avoir des effets positifs comme néfastes sur nos vies. Avez-vous déjà été confronté à de telles situations ? Quel que soit les prophéties, ne sommes-nous pas maître de nos vies pour la changer ? Quelles sont les solutions que vous préconisées ? Nous attendons votre kongossa.