Mouvement de protestation des commerçants à Arlit : causes, enjeux et solutions envisagées
Le vendredi 2 mai 2025, la ville d’Arlit, au nord du Niger, a été le théâtre d’une opération « ville morte » orchestrée par les commerçants locaux. Ce mouvement inédit, qui a paralysé l’ensemble des activités commerciales, visait à dénoncer certaines pratiques administratives jugées contraignantes pour le bon fonctionnement du commerce transfrontalier et local.
Cette manifestation est l’aboutissement d’un mécontentement croissant concernant deux problématiques principales :
- Le coût élevé du dédouanement des marchandises transitant par Arlit, notamment celles en provenance de l’Algérie.
- Les saisies arbitraires de sachets plastiques importés du Nigéria par le service des eaux et forêts, créant une inégalité flagrante selon leur provenance.
Un exemple concret du problème de dédouanement
Selon Abdoul Karim Abdou Moussa, secrétaire général du bureau des commerçants, un camion transportant des produits algériens est taxé à 1 400 000 FCFA à Arlit, alors qu’il payerait seulement 1 000 000 FCFA à Agadez, pourtant situé plus loin. Ce surcoût dissuade les transporteurs et provoque le détournement des marchandises vers d’autres villes telles qu’Agadez ou Tahoua, au détriment de l’économie locale d’Arlit.
Qu’en est-il des sachets plastiques ?
Un autre point de tension concerne la gestion des sachets plastiques. En effet, le bureau des commerçants dénonce une forme de favoritisme : les plastiques importés par voie légale depuis Niamey seraient autorisés, tandis que ceux venant du Nigéria seraient systématiquement saisis par les agents du service des eaux et forêts. Cela crée des distorsions commerciales et des pertes directes pour les marchands concernés.
Quelles sont les conséquences économiques pour Arlit ?
La perturbation du commerce transfrontalier avec l’Algérie, l’un des principaux fournisseurs de produits alimentaires et de biens de consommation pour la région, a des répercussions notables :
- Augmentation des prix pour les consommateurs locaux en raison d’une offre limitée.
- Ralentissement des activités des petits commerçants et transporteurs, déjà fragilisés par des conditions économiques difficiles.
- Risques de délocalisation de certaines activités commerciales vers des villes aux réglementations perçues comme plus souples.
Une lueur d’espoir : Rencontre avec les autorités
Face à cette impasse, les autorités départementales et communales ont convoqué une rencontre d’urgence avec les représentants syndicaux des commerçants. La réunion, qui a duré près de deux heures, a abouti à un compromis temporaire :
- La suspension immédiate de l’opération « ville morte », effective dès le 2 mai à 16 heures.
- L’annonce officielle d’une mission de haut niveau attendue à Arlit durant la semaine suivante, pour examiner les revendications en profondeur.
En somme, cette mobilisation des commerçants d’Arlit a permis de braquer les projecteurs sur des dysfonctionnements structurels qui persistent dans le commerce frontalier nigérien.