
Feux de signalisation horizontaux : une anomalie esthétique ou une nécessité technique ?
Si vous avez déjà regardé un film américain, vous avez sûrement remarqué que les feux de circulation sont parfois orientés de façon horizontale, contrairement à leur disposition verticale plus commune en Europe. Est-ce juste une fantaisie locale ou y a-t-il une véritable logique derrière ? Spoiler : c’est loin d’être un choix arbitraire.
🧭 Une norme qui n’est pas si normée que ça
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il n’existe aucun règlement international imposant une orientation unique pour les feux tricolores. Tant qu’un feu de signalisation remplit sa fonction, c’est-à-dire, afficher une couleur à la fois de manière claire – son orientation importe peu d’un point de vue légal.
Du coup, certaines régions du monde ont choisi l’orientation verticale (courante en Europe), tandis que d’autres, comme de nombreux États des États-Unis, ont opté pour une disposition horizontale.
🚛 L’enjeu des véhicules de grande taille : hauteur rime avec prudence
L’un des motifs essentiels de cette orientation horizontale, c’est la gestion de la hauteur sous infrastructure.
Dans des États où les routes sont fréquemment empruntées par d’énormes poids-lourds, camions de marchandises ou même convois exceptionnels, un feu installé trop bas et à la verticale devient un obstacle potentiel. Pour éviter les collisions ou les détériorations accidentelles, il est alors plus judicieux de fixer les feux horizontalement, mais plus bas sur des bras latéraux.
Un cas concret : le Texas utilise cette configuration quasiment exclusivement, sur les axes principaux comme les départementales secondaires.
💸 Une affaire de budget : oui, vraiment
À grande échelle, chaque centimètre de poteau ou de support métallique coûte. Installer un feu vertical nécessite bien souvent de prolonger le mât ou d’ajouter des structures supplémentaires pour qu’il s’élève assez pour être vu par tous.
Or, en optant pour des feux horizontaux installés sur un bras rigide à hauteur moyenne, on réduit la consommation de matériaux. Cela peut paraître insignifiant pour un seul feu, mais lorsqu’il s’agit d’installer plusieurs milliers de feux dans un état ou une métropole, l’économie devient colossale.
👁 Visibilité optimisée dans certaines configurations routières
Il y a aussi une dimension ergonomique et pratique. Par exemple, à proximité des ponts, tunnels ou viaducs, il peut arriver que les feux verticaux soient partiellement dissimulés par la structure elle-même. Dans ce cas, une installation horizontale permet une visibilité latérale accrue, surtout pour les véhicules qui arrivent par une pente ou un virage abrupt.
En réalité, certains États adoptent une stratégie hybride : des feux horizontaux dans les zones sensibles (intersections à proximité de tranchées ou viaducs) et verticaux ailleurs. C’est le cas du Colorado par exemple, où les régulations sont plus souples.
🌪️ Résilience face aux éléments : feux et vents forts
Un détail souvent négligé mais crucial dans certaines régions : le vent.
Dans des endroits fréquemment exposés à des vents violents — comme en Floride ou en Oklahoma — un feu vertical agit comme prise au vent. Monté horizontalement sur un bras fixe, le feu offre moins de résistance au vent latéral. Résultat : moins de mouvements parasites, de trépidations visuelles ou de risques d’arrachement du dispositif.
📍Quid de la cohérence des couleurs ?
Traditionnellement, sur un feu vertical, les couleurs sont disposées du haut vers le bas : rouge, orange/jaune, puis vert. Sur les dispositifs horizontaux, cette disposition se fait de gauche à droite, mais l’ordre reste fondamentalement le même : rouge à gauche, vert à droite.
Mais attention, certaines régions comme le Nouveau-Mexique inversent parfois cet ordre, obligeant les conducteurs à s’ajuster selon les indications lumineuses plutôt que leur place intuitive. C’est pour cela que les feux horizontaux sont presque toujours accompagnés de formes ou pictogrammes pour éviter toute confusion.
La présence de feux de signalisation horizontaux n’est ni fortuite ni stylistique. Elle répond à un mélange subtil de contraintes d’infrastructure, de logique budgétaire, de conditions climatiques et de sécurité. Comme souvent en ingénierie urbaine, la solution la plus visible est souvent celle qui a nécessité le plus de compromis invisibles.
Alors la prochaine fois que vous verrez dans un film new-yorkais des feux suspendus horizontalement au-dessus d’une intersection bondée, n’y voyez pas seulement une excentricité américaine… mais bien une réponse stratégique à des besoins multiples.