Il y a seize ans, une nouvelle vie s’est ouverte à moi à la sortie des études secondaires, me propulsant dans le monde des relations amoureuses et de la vie d’adulte. J’ai navigué à travers des rencontres, avec ma plus longue relation s’étalant un peu plus d’un an. Persuadée que l’amour serait à portée de main, j’étais pourtant confrontée à un défi persistant : pourquoi les hommes semblaient toujours m’échapper et m’abandonner. La période de 2016 à 2022 a été une traversée du désert, un enchaînement de relations éphémères qui s’éteignaient en moins de deux mois, laissant derrière elles des débris de promesses non tenues.
Chaque séparation était un coup porté à mon cœur. J’ai versé des larmes tantôt amères, tantôt désespérées. À la quête de réponses, je me suis tournée vers des pasteurs, des sorciers, même des prêtres fétichistes et des Mallams. Chacun d’eux m’a révélé avec une voix empreinte de mystère : « Vous avez un mari spirituel. » Les mots résonnaient en moi, mais au fond, je me sentais toujours perdue, me heurtant à un mur d’incompréhension. Aucun d’entre eux ne semblait avoir la clé pour débloquer les tourments de mon cœur.
En 2022, ma patience avait atteint ses limites. J’ai fait mes valises, rassemblant mes souvenirs, grandissant à travers des déceptions, et je suis partie pour Accra au Ghana, cette ville vibrante où je me suis promise de tout recommencer. Là-bas, je n’avais d’attache avec personne, mais le désir de renaître, de me réinventer était trop fort. Les premiers mois furent ceux du silence et de l’isolement, avant que Evra n’entre dans ma vie comme un rayon de soleil inattendu. Je ne sais pas si l’on peut parler de coup de foudre, mais notre première conversation m’a laissée une douce sensation, comme si quelque chose de spécial émergeait.
Sa présence a été une révélation. En un rien de temps, il emménagea avec moi. À ses côtés, j’ai découvert les nuances de l’amour véritable, cette chaleur enveloppante qui donne vie. Les circonstances n’étaient pas idéales ; nos finances étaient précaires et nous devions parfois lutter pour nos repas. J’avais mes doutes, et pourtant, malgré tout, j’ai cru en Evra. Ensemble, nous avons partagé rêves et aspirations, souvent plongés dans de longues discussions où il exprimait son souhait de voyager à l’étranger. Je me rappelle l’encourager à poursuivre ce rêve, le voyant caresser cette ambition avec des yeux brillants.
Lorsque l’occasion s’est présentée, il n’a pas hésité à la saisir. Sacrifiant son emploi pour un avenir meilleur, il est parti pour l’Amérique, me laissant derrière lui, enceinte. Même sans ressources financières, il m’a témoigné une confiance inébranlable, me confiant sa carte bancaire et son carnet de chèques, un geste qui aurait dû renforcer notre lien. Pour la première fois de ma vie, j’ai ressenti cette douce sensation d’être choisie, d’être sa number one.
Nos échanges au téléphone étaient des bulles de bonheur. Il m’appelait régulièrement, vérifiant que tout allait bien. Souvent, je pensais : « Dieu m’a finalement offert cet homme, un antidote à toutes ces années de souffrance. »
Mais rapidement, la réalité a frappé avec une demande qui me laissa perplexe. Deux semaines après la naissance de notre bébé, il m’a sollicité pour que je lui envoie de l’argent. À ce moment-là, mes finances étaient déjà soumises à rude épreuve : les frais d’hôpital et les dettes accumulées pour son voyage, sans oublier les fonds envoyés à ma tante pour m’aider avec notre enfant. L’argent était une lutte quotidienne, et j’ai posé la question qui marquerait le début du déclin de notre relation que je croyais solide : « À quoi sert l’argent ? »
Cette question, si simple et pourtant si lourde de sens, l’a poussé à se retirer lentement de notre relation. Ses silences se sont allongés, il a fini par bloquer mes appels et mes messages sur les réseaux sociaux. Les jours passaient sans nouvelles, puis il réapparaissait comme si de rien n’était, pour disparaître encore. J’étais à nettoyer mes larmes, à supplier, cherchant de l’aide auprès de ses parents, de mes amis, même de pasteurs qui auraient pu lui parler… Mais en vain.
Finalement, j’ai décidé de quitter Accra, cherchant refuge dans le village de ma tante, pensant qu’un peu d’espace me permettrait de retrouver mon équilibre. Mais quand j’ai partagé mon projet avec lui, un mélange d’inquiétude et de supplication s’est éclaté. Il a demandé que je ne parte pas, et cela a fait écho à mon cœur, ce qui m’a convaincue de rester, je me disais qu’il y avait encore une chance. Mais quand je lui ai demandé ce qui se passait, sa réponse m’a glacée : « Je suis désolé de ne pas t’avoir bien traitée. Ce n’est pas toi, c’est moi. J’ai peur de te perdre dans cette relation à distance. Je pense qu’il est préférable de mettre fin à notre relation de manière pacifique. »
Il m’a fallu un moment pour comprendre réellement ses mots, hésitant à accepter la brutalité de sa décision. Pourquoi avait-il joué avec mes sentiments ? Pourquoi m’avait-il laissée construire mes rêves autour de notre amour si éphémère ? Pourquoi m’avoir enceinté et laissé tombé ? Pourtant, dans sa voix, j’entendais la vérité amère. Maintenant qu’il était aux Etats-unis, je ne valais plus rien à ses yeux. Je comprends maintenant l’adage qui dit que : l’argent ne change pas les gens, il révèle juste leur vrai visage.
Et me voilà aujourd’hui, bercée par le doux poids de mon bébé de deux mois, déchirée entre l’espoir et le désespoir. J’ai toujours rêvé d’avoir un enfant, mais jamais je n’avais imaginé que l’accueil de cette nouvelle vie se ferait dans une telle solitude. Alors que je cherche le chemin à suivre, je sens la pression du monde extérieur peser sur mes épaules, mais je me trouve complètement démunie, égarée, ne sachant comment me relever, comment avancer.