Une rencontre dans un bus, une nuit magique, puis mystère elle a disparu

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Imagine un de ces longs trajets en bus, tu sais, où chaque siège raconte son histoire et chaque inconnu à côté de toi devient brièvement le héros ou l’héroïne d’une vie parallèle à la tienne. Ce jour-là, je rentrais à ville, encore un peu bercé par le souvenir du foyer maternel du village, d’où je venais de partir. Et c’est sur cette route chaude et interminable qu’elle a débarqué dans ma vie, cheveux épars, sourire ensorceleur, et yeux pétillants de mystères non résolus.

Directe : c’est le mot. Sans même s’installer complètement, elle me balance : « Tu es mignon. C’est le retour à la maison ou le grand départ ? » Un clin d’œil lancé comme une ancre. Je bredouille que je rebrousse chemin vers la ville, là où boulot et vie s’enlacent avec la routine. Direct, oui, mais pas sec. Plutôt chaleureuse, comme quelqu’un décidé à ne pas laisser filer le temps sans y mettre du sien.

Mais la suite, c’est le coup de théâtre. Elle me dit, voix douce mais yeux rieurs : « Tu permets que je dorme sur ton épaule quand le sommeil me guettera ? » Surpris, tu penses ? Juste assez pour me gratter la tête en me demandant d’où sort une fille pareille, et quel genre de journée elle vient de traverser. Mais bon, j’accepte, emporté par cette chaleur spontanée.

Puis, route faisant, elle lâche : « Un gars comme toi m’a brisé le cœur aujourd’hui. J’ai traversé la moitié du pays pour le voir, et je l’ai trouvé avec une autre. En plus, elle est enceinte. » Eh ben, l’ambiance ! Pourtant, elle ne joue pas la carte de la tristesse. Elle rit, papote, s’étourdit. On échange de tout (amis, boulot, rêves, pains au beurre du matin) et, l’air de rien, je me sens connecté à elle, comme si nos routes s’étaient déjà croisées dans une autre vie.

Quand la fatigue l’emporte, elle bascule sur mon épaule, puis, plus tard, pose sa tête sur mes genoux. Et là, malgré les cahots, je finis par m’endormir aussi, deux inconnus liés par ce drôle de fil invisible qui relie parfois les voyageurs nocturnes.

On arrive en ville, on échange nos numéros. Deux jours passent, le souvenir d’elle refuse de s’effacer. Je prends mon courage à deux mains et lui propose le genre de demande qui fait trembler : « Tu veux m’épouser ? » Oui, je sais, qui fait ça si tôt… Elle me regarde et lance, mi-sérieuse mi-taquine : « Tu viens me recoller les morceaux ou bien tu vas tout casser encore plus ? »

Elle débarque chez moi, curieuse de ma vie. Je lui fais découvrir l’univers du foot sur PS5 (je précise, c’est moins glamour que sur un vrai terrain mais ça rapproche !). On regarde son film préféré, une comédie, je crois, mais je me souviens surtout d’avoir ri avec elle, comme deux gosses devant une fontaine qui déborde. Puis vient la nuit, les câlins, la tendresse simple du contact. Elle niche sa tête sur ma main et je ne sens bientôt plus mes doigts, mais j’aurais enduré mille engourdissements pour que ce moment dure encore.

Le matin, avec ce genre de lumière douce de la ville qui filtre à travers les rideaux, elle murmure en souriant : « Tu es trop gentil, un vrai gentleman. » Et puis… c’est tout. Deux rencontres, pas plus. Après, silence radio, mes messages sont restés sans réponse. Peut-être avait-elle peur que je sois un mirage ou, pire, une répétition de sa tristesse passée. Dans un dernier message, elle m’a confié : « Laisse-moi le temps de guérir, d’accord ? »

Étrangers, amis, amants, complices… puis à nouveau étrangers. Elle a traversé mon quotidien comme un courant d’air chargé de promesses, puis s’est évanouie sans un bruit. Parfois, c’est dans la fugacité d’une rencontre qu’on trouve ce qui manque à nos vies et, tout aussi vite, cet éclat repart là d’où il était venu. Allez, la vie continue, le bus file, et les inconnus, qui sait, repasseront peut-être un jour.

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