Violences contre les femmes au Soudan : Les groupes de défense des droits sonnent l’alerte contre les agissements du FSR

Hala Al-Karib, défenseur des droits de la femme ⁤et⁣ directrice du réseau des femmes de la Corne de l’Afrique (SIHA), s’est récemment‍ exprimée lors d’un symposium virtuel organisé‌ à l’occasion de la Journée internationale de la femme. ⁣Elle a mis⁢ en lumière la tendance alarmante ‌des enlèvements ​et des meurtres de⁣ femmes au Soudan.

La discussion a ​porté sur les disparitions forcées en temps de ‌guerre et ⁢sur les conséquences désastreuses pour les femmes et les jeunes filles. Dans son discours passionné, Mme Al-Karib ⁢a dénoncé les Forces de soutien rapide (FSR)⁤ pour leurs enlèvements, meurtres et pillages généralisés. Elle a insisté sur la nécessité de faire⁢ preuve de transparence ​dans ‌le traitement de ces crimes de guerre et a ‌présenté des​ preuves documentées de la culpabilité des forces de soutien rapide‍ et de l’armée​ soudanaise ‌dans l’enlèvement et le meurtre de femmes et de jeunes filles.

Mme ‌Al-Karib a fait part ​de son expérience personnelle : la maison de sa famille ⁣a fait⁤ l’objet d’une descente des ⁢forces de⁣ sécurité, qui s’est soldée par l’enlèvement de filles âgées de ⁢13 à 15 ans et par la menace et le passage à tabac de membres de la famille. Elle a souligné ‌que ​la stigmatisation sociale réduit au silence de nombreuses victimes.

Les rapports ⁣internationaux‍ sur les droits ‌de l’homme corroborent les affirmations de‌ Mme Al-Karib, détaillant les violations des droits de l’homme commises par les⁢ combattants du FSR, notamment les meurtres, les violences sexuelles et les vols. En ‌réponse aux réactions négatives,⁢ le FSR a annoncé la formation d’une nouvelle unité chargée ⁢de lutter contre les actions négatives, mais n’a fourni aucune information sur les enquêtes ou les condamnations liées‌ à ces​ allégations.

Fatima Lagawa, représentante du FSR, a nié toutes ⁣les accusations, les qualifiant de tentatives infondées de discréditer la ⁣force. ‌Elle a insinué des motivations politiques derrière ces ​allégations ⁣et a ‍demandé des preuves concrètes avant de blâmer qui que ce soit. Toutefois, Mme ‌Lagawa‍ a accepté la formation d’un‌ comité​ neutre chargé d’enquêter sur ces violations ‌et de tenir les soldats des FAS ⁢pour responsables s’ils sont reconnus coupables.

Maram Mohammed,⁣ représentante de la salle d’urgence de Bahri, a révélé une réalité inquiétante. Elle a révélé⁤ que les cas documentés de violence à l’encontre ⁢des femmes et ⁣des enfants ne représentent‌ qu’une fraction des incidents réels. Les femmes ‍sont forcées de travailler⁣ au nettoyage et à ‌la lessive. Ce qui ⁢est ⁤encore plus alarmant, selon Maram Mohammed, ce sont les actes horribles d’agressions sexuelles‌ répétées, les mariages forcés d’adultes⁤ et de mineurs et l’esclavage sexuel ⁣auxquels sont confrontées les femmes et les ‌jeunes filles. Elle a ajouté que les disparitions forcées⁣ ont entraîné des grossesses​ chez‌ les victimes mineures, dont certaines sont mortes tragiquement pendant l’accouchement. D’autres ont réussi à s’échapper,⁢ mais le traumatisme psychologique ⁣a souvent conduit à des pensées suicidaires.

Zahal Muhammad⁤ Al-Amin, expert en droit constitutionnel international, a souligné les implications juridiques de ces ‌crimes. Il⁣ a déclaré que le ciblage généralisé ​et systématique des femmes et‌ des filles pour des raisons sécuritaires ou ethniques constitue un crime international contre ​l’humanité. Le‌ gouvernement⁣ soudanais risque‍ donc d’être poursuivi par⁤ la Cour pénale internationale. M. Al-Amin a également souligné l’insuffisance ⁣des lois existantes concernant les disparitions forcées, qu’il a décrites‌ comme des actes ⁢intentionnels facilités par les pratiques répressives du gouvernement et ⁤des groupes armés.

Osman Al-Basri, membre du Groupe ‌soudanais pour les victimes de disparitions forcées, a présenté des ‌statistiques sur ⁣les disparitions forcées. Il a souligné que les chiffres officiels concernant les disparitions forcées⁢ depuis le 15 avril sont probablement inexacts‌ en raison des difficultés de signalement, des perturbations de la⁣ communication et des fermetures de postes de police. Le ⁢groupe de⁢ M. Basri a recensé 96 femmes disparues en janvier, et 24 autres ⁤cas pourraient ne pas avoir été signalés. Il a fait part de détails déchirants, tels que 15 ​jeunes ‍femmes ⁤retenues captives pendant de⁢ longues périodes dans une maison du nord de Khartoum, et qui n’ont réussi à ⁢s’échapper qu’après un ⁤affrontement entre l’armée et‌ les forces du FSR. En⁣ outre, un mineur a été arrêté par les forces ⁢de sécurité mais a réussi à s’échapper, et ⁢deux mineures ont été enlevées et mariées de force.

Isaaf bin Khalifa, représentant le bureau du Haut Commissaire aux droits de l’homme⁣ au Soudan, a confirmé⁤ les rapports des victimes féminines détaillant les ‌abus commis par les forces de soutien rapide. Il s’est ⁤dit profondément préoccupé par le nombre croissant d’allégations de disparitions forcées, en particulier ​par le nombre important de rapports reçus. Il est essentiel de noter ⁣que les violations commises par des acteurs non étatiques, si elles ⁢sont généralisées et systématiques, peuvent être considérées comme des crimes contre l’humanité.

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