Le président du principal parti d’opposition du Cameroun, Joshua Osih, sonde le coeur des jeunes dans les régions les plus touchées du pays, car il croit qu’ils sont l’une des principales raisons pour lesquelles le président de 91 ans Paul Biya, est encore au pouvoir après plus de 40 ans. C’est lui qui a poussé les électeurs à boycotter les élections qu’ils avaient l’occasion de contester, ce qui a permis à Biya de rester en place. Lors d’une session avec des jeunes dans la région du Sud-Ouest la semaine dernière, Osih a révélé que Biya a su maintenir son pouvoir grâce à l’absence des électeurs lors des élections. Cependant, depuis qu’il est arrivé au pouvoir en 1982, Biya a remporté cinq élections et est présumé se présenter à nouveau l’année prochaine, malgré des protestations massives contre son gouvernement et sa politique.
Mais dans un pays de plus de 26 millions d’habitants avec plus de 7 millions d’électeurs inscrits, moins de 4 millions ont participé aux élections de 2018, où Biya a remporté 71% des voix. Cela est dû en grande partie à l’absence d’efforts pour mobiliser les électeurs et leur donner un sentiment d’importance dans le processus électoral.
« Avec moins d’électeurs dans toute la région du Sud-Ouest que dans ma propre circonscription de Douala, on ne peut que se sentir désespéré », note Joshua Osih, qui est également député de la circonscription de Wouri Center dans la région du Littoral. Il a poursuivi en expliquant que Biya ne mérite pas le respect des jeunes et qu’il n’a pas le pouvoir de les harceler et de les prendre en otage.
« Pourquoi tous les postes gouvernementaux vont-ils au Grand Nord et au Centre? Partout, là où il y a de l’argent et du pouvoir, car ces deux régions donnent à M. Biya près de 1,8 million de voix. C’est quatre fois plus que le nombre total d’électeurs dans le Sud-Ouest. Lorsqu’il ajoute ses fonctionnaires à cette somme, il obtient ses 2,5 millions de voix. Il a gagné les élections », déclare-t-il.
En tant que leader du SDF, l’un des partis politiques les plus importants et les plus emblématiques du Cameroun, Osih est confiant qu’ils peuvent conquérir la présidence avec le soutien de la base. Dans ce but, il parcourt toutes les régions du pays depuis deux semaines pour écouter les préoccupations de la population afin d’orienter ses politiques en fonction de leurs problèmes. Samedi dernier, il a visité la capitale de la région du Sud-Ouest, Buea, où les jeunes ont exprimé leur mécontentement face à la politique actuelle du pays et à sa mauvaise direction. Ils ont cité des problèmes tels que le chômage, les harcèlements policiers, la corruption, les mauvaises routes, le coût élevé du logement et le manque de liberté d’expression.
Bien que le boycott des élections était un problème majeur, Osih considère le manque d’intérêt pour la politique chez les jeunes comme le véritable problème. Il les encourage à prendre leur avenir en main en décidant de participer aux élections l’année prochaine. Il leur rappelle que c’est à eux de faire changer les choses.
« Si le président de la République ne travaille pas pour vous, virez-le. Si le nouveau ne travaille pas non plus pour vous après sept ans, virez-le aussi. Mais si vous restez à la maison, le message que vous envoyez est que nous avons le meilleur président du monde », conclut-il.
