Bourha, cette localité enclavée située dans le département du Mayo Tsanaga et à la frontière de la République fédérale du Nigeria, est en proie à une vague de prises d’otages. Depuis deux mois, pas moins de 22 cas ont été enregistrés, avec à la clé d’importantes demandes de rançon se chiffrant en millions de francs CFA.
Cette situation est d’autant plus préoccupante en cette période de fêtes de fin d’année. De nombreux commerçants venant du Nigeria ont dû stopper leur activité et ne peuvent plus faire le grand marché de Bourha, par crainte des enlèvements.
« Chaque jour, à la fin du marché, nous sommes menacés par des malfaiteurs qui nous obligent à leur donner tout l’argent que nous avons gagné sous peine de représailles violentes », témoigne un commerçant.
Le préfet du département, qui a récemment visité Bourha pour la première fois depuis sa prise de fonction, est confronté à un sérieux défi pour lutter contre ce fléau des prises d’otages. »Il ne se passe pas une journée sans qu’un parent ou un enfant soit enlevé. Je suis convaincu que les complices sont parmi nous et nous devons les dénoncer pour pouvoir vivre en paix », déplore le maire de la commune de Bourha. Les autorités locales sont persuadées que les habitants de la localité fournissent des informations aux bandits, ce qui rend difficile la lutte contre ce phénomène.
Face à cette insécurité grandissante, les habitants des trois cantons de Bourha ont décidé de se constituer en comité de vigilance armé, afin de prêter main forte aux forces de défense et de sécurité. « Nous devons protéger notre village et nous ne savons plus à qui faire confiance. Nous soutenons les forces armées qui font de leur mieux pour maîtriser ces criminels qui ont fait du kidnapping leur activité », explique le chef du comité de vigilance.
Mais ce n’est pas le seul problème auquel doit faire face Bourha. Depuis près de 10 ans, un litige territorial oppose Bourha à une autre ville voisine, Mogodé, et des affrontements sanglants ont déjà eu lieu entre les deux camps. Le préfet affirme avoir une solution à ce conflit et y travaille activement.
Lors de sa visite, le préfet a également inspecté la frontière entre le Cameroun et le Nigeria, dans le but de renforcer la sécurité et la coopération entre ces deux pays voisins.
En attendant, les habitants de Bourha doivent vivre dans la peur constante des prises d’otages et des conflits territoriaux, sans relâche. Espérons que des mesures efficaces seront rapidement prises pour mettre un terme à cette insécurité qui empoisonne leur quotidien.