Le football, c’est bien plus que des matchs et des trophées. C’est une passion qui unit des millions de personnes à travers le monde. Mais derrière les projecteurs et les titres glorieux se cache une réalité sombre et troublante : la question des doubles identités dans le football camerounais. Ce phénomène a secoué le pays et terni l’image d’un sport pourtant si apprécié.
Le Cameroun est connu pour être l’un des pays les plus performants dans les sports collectifs et individuels. Avec cinq titres de la Coupe d’Afrique des Nations, le Cameroun est devancé par l’Égypte, qui en compte sept. Mais derrière cette renommée se cache la pratique de la double identité.
Ces dernières années, de nombreux joueurs ont été contraints de changer d’âge ou de nom pour paraître plus jeunes et rester compétitifs dans le monde du football. Certains ont même eu plusieurs actes de naissance, créant une confusion sur leur véritable identité. La pression de la compétition et le désir de réussir à tout prix sont à l’origine de cette pratique trompeuse.
En mars 2024, la Fédération camerounaise de football a publié une liste de plus de 60 joueurs de 15 clubs locaux qui avaient une double identité et/ou une différence d’âge. Cette révélation a provoqué une onde de choc dans le monde du football et a indigné les supporters. Parmi eux, Wilfried Nathan Douala, un jeune milieu de terrain de 17 ans qui avait participé à la Coupe d’Afrique des Nations en Côte d’Ivoire. Sa sélection avait été remise en cause en raison de doutes sur son âge réel. Ce phénomène de double identité n’est pas nouveau en Afrique.
En 2014, l’ancien directeur des médias de la Confédération africaine de football déclarait à la BBC que la fraude à l’âge était une pratique courante dans certains pays du continent. En raison du manque de bases de données fiables, il est souvent facile pour les joueurs de tricher sur leur âge et de falsifier des documents administratifs, au détriment des programmes de développement. Cette pratique a non seulement terni l’image du football camerounais, mais aussi déçu les supporters et tourné en dérision la discipline et la beauté du fair-play.
Plusieurs parties sont responsables de ne pas avoir empêché cette pratique de devenir une triste réalité. La Fédération camerounaise de football, dirigée par l’ancien capitaine de l’équipe nationale Samuel Eto’o Fils, a un rôle majeur à jouer dans la lutte contre les doubles identités. Malheureusement, des révélations ont montré que la Fédération était au courant de ces pratiques, mais n’a rien fait pour y remédier.
Le journal français Le Monde a même tenté de l’alerter sur l’âge réel de Wilfried Nathan Douala, mais en vain. Cette triste réalité montre qu’il est urgent que la Fédération prenne ses responsabilités et crée un environnement plus éthique et responsable pour l’amélioration du football camerounais.
Les agents de football sont également complices de cette pratique malhonnête. Plus intéressés par les profits qu’ils peuvent tirer du transfert d’un joueur, ils sont des acteurs incontournables de cette activité. Ils établissent les documents et négocient les contrats, poussant ainsi les joueurs à tricher sur leur âge afin d’attirer l’attention des clubs étrangers.
Les parents et tuteurs des jeunes joueurs portent également une certaine responsabilité. Lorsqu’un enfant fait preuve de talent dans le football, ils sont souvent prêts à tout pour le propulser vers la gloire. Mais le système et la pression pour réussir peuvent les pousser à mentir sur l’âge de leur enfant afin qu’ils puissent avoir un avenir dans le monde du football.
L’organisation mondiale de football, la FIFA, a intégré l’utilisation de l’imagerie par résonance magnétique (IRM) en 2009 lors de la Coupe du monde des moins de 17 ans au Nigeria pour aider à vérifier l’âge des joueurs. Maintenant, les fédérations sont tenues de mener cette pratique pour déterminer l’âge des joueurs.
En 2023, la Confédération Africaine de Football (CAF) a annoncé la disqualification du Tchad des éliminatoires de la Fédération Centrafricaine de Football (UNIFFAC) en raison d’un taux élevé de joueurs échouant aux tests d’âge par IRM, prouvant qu’ils étaient en fait plus âgés. Plus de 80 % des joueurs ont échoué au test IRM. Avoir une double identité dans le football n’est pas seulement une fraude, c’est aussi l’une des pratiques les plus controversées sur le plan éthique dans le football africain.
La CAF a déjà pris en compte ces questions dans sa réglementation. « Le Règlement des compétitions de la CAF, mis à jour en 2021, « au chapitre 20 », traite de la fraude, de la falsification et des « erreurs administratives », qui sont toutes sanctionnées par la Confédération africaine de football. L’article 45 du chapitre 20 précise : « Si la CAF est informée, de quelque source que ce soit, qu’une fraude ou une falsification a été commise par quelque moyen et/ou sur tout support par une ou plusieurs équipes nationales, une enquête sera ouverte. ” L’article 46 précise que “Si les allégations sont prouvées, l’association nationale en question sera suspendue de participation aux deux prochaines éditions de la Coupe d’Afrique des Nations”. L’article 47 prévoit une suspension d’une seule édition de la Coupe d’Afrique des Nations en cas d’erreur administrative : “En cas d’erreur administrative lors de l’enregistrement des joueurs, l’association nationale impliquée sera suspendue de participation à la prochaine édition de la Coupe d’Afrique des Nations et son équipe sera éliminée de la compétition si celle-ci est toujours en cours.