Célébrons le peuple sénégalais ! Seul le peuple peut se libérer !

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Lorsque les hommes et les ‌femmes dépourvus de moral se voient confier des postes de pouvoir, ils en font un outil pour ​s’enrichir. Ils personnalisent les institutions et les ‍ressources publiques, puis les utilisent pour opprimer ceux qui les ont placés à leur tête. Ces individus font preuve d’un mépris‌ total pour la constitution et l’intérêt public en violant sans ⁤scrupule toutes⁤ les règles démocratiques et les ‍droits ⁤des citoyens dans le seul but de maintenir leur pouvoir. C’est exactement ce qu’a ⁢fait l’ancien président sénégalais, avec l’aide et la⁢ complicité d’une bande de fonctionnaires corrompus et indigne de leur fonction au sein de la⁢ fonction publique et du secteur de la sécurité.

Ces agissements confirment une réalité cruelle : le danger au sein de la société africaine se trouve principalement chez les politiciens‍ et les fonctionnaires. Au Sénégal, on a pu bafouer la constitution et piétiner les droits souverains du peuple grâce à la complicité de fonctionnaires des institutions juridiques, de sécurité et de justice. Ces individus étaient prêts à procéder à des arrestations arbitraires et à des tortures, puis à porter des accusations fabriquées de ⁤toutes pièces ‌dans le seul⁣ but d’emprisonner illégalement ⁢des citoyens innocents et de fouler au pied la ⁢constitution.

Ce qui s’est produit au Sénégal avec ces fonctionnaires malhonnêtes peut être observé dans ⁤chaque pays africain, ‌à des degrés différents. Pour autant, et c’est également pour cette raison qu’il faut le souligner, il est crucial de célébrer le peuple sénégalais et ses organisations, ‌partis politiques et institutions pour leur position résolue dans la défense de leur souveraineté et de leur constitution contre‍ la tyrannie.

La position adoptée par les juges ⁣du Conseil constitutionnel pour faire respecter la constitution est un exemple à suivre. Elle confirme que ‌des ⁣institutions fortes sont absolument essentielles pour le bon fonctionnement de la démocratie et de la‍ bonne gouvernance. Mais des‍ institutions fortes ne peuvent exister sans des fonctionnaires dotés d’une éthique solide et déterminés à faire respecter la loi à tout prix. La position prise par le Conseil constitutionnel me rappelle celle de l’ancien directeur du FBI aux États-Unis, James Comey, ⁢qui a été limogé par ⁤le président Donald Trump car ce ⁢dernier voulait que les fonctionnaires lui soient loyaux personnellement. Au‌ moment ​où le FBI enquêtait sur la campagne électorale de Trump pour déterminer‍ s’il y avait eu collusion avec ‍les Russes, Comey a montré ‍son attachement à un leadership éthique. Pour ​lui,‌ construire un environnement de travail où les valeurs sont ​élevées et la ⁢crainte est absente est primordial. Il‍ souligne ⁣d’ailleurs qu’il existe une loyauté supérieure dans chaque aspect ⁣de ⁣nos vies, qui​ ne va ni à une personne, ni à un parti, ni à un groupe. La plus grande loyauté‌ doit aller aux valeurs durables, et surtout à la⁣ vérité. Il estime également qu’un dirigeant éthique ne demande jamais ‌de loyauté. ⁣J’encourage tous les Africains, et en particulier les fonctionnaires, à lire son livre, A Higher Loyalty : Truth, Lies and Leadership, pour y trouver ⁢conseils et inspiration.

Si nous saluons ⁢le Conseil constitutionnel, il est aussi important de‌ féliciter les nombreux autres fonctionnaires élus et nommés⁣ de l’Assemblée nationale sénégalaise‍ et de l’ensemble de la fonction publique qui ont refusé de soutenir ‌les actes répréhensibles de l’ancien président sénégalais. Non seulement les parlementaires de la coalition ⁣Pastef, ‌mais également ceux des autres partis, ont démontré que l’efficacité des institutions publiques et la force de la démocratie en Afrique dépendent des fonctionnaires conscients de leurs devoirs, n’ayant de loyauté que pour la vérité et l’intérêt public, et non pour leurs collèges hommes ‍et femmes.⁢ Le mérite des félicitations revient avant tout aux hommes et ⁣aux femmes du Sénégal qui se sont‌ tenus debout⁢ ces dernières années,‌ refusant ⁣toute tentative de l’ancien président et de ses sbires de subvertir la constitution et de déshonorer la république. Dans leurs différents groupes de citoyens et communautés, ces Sénégalais ordinaires ont montré qu’un peuple conscient de ses droits et déterminé à les défendre est invincible.

Grâce à leur détermination, Macky Sall a ‌d’abord été contraint de renoncer à briguer illégalement ⁣un troisième mandat. Quand il a voulu reporter les élections en manipulant les lois et en s’appuyant sur des​ fonctionnaires peu ⁤scrupuleux au sein des institutions,⁤ les citoyens sénégalais sont restés forts : les élections ‌doivent avoir lieu et il doit ⁢quitter le ⁢pouvoir avant le 2 avril. En solidarité avec leurs partis politiques, les médias et la société civile dans son ensemble, les Sénégalais ​se sont ‍rassemblés ​pour créer un ‌mouvement citoyen majeur, « Arr Sunu Election », pour prouver que la souveraineté de la nation est entre les mains du peuple, dont⁣ tous ‌les agents et organes de l’État tirent leur pouvoir et leur légitimité. Le peuple sénégalais a montré que la démocratie n’est pas créée et mise en œuvre ‍par le président ou le parlement. Elle est plutôt créée et défendue par le peuple lui-même, avant tout comme un droit et un devoir.

Si nous,⁢ Africains, pouvons tirer une leçon du peuple sénégalais, c’est qu’il faut reconnaître que personne ne peut libérer un peuple si ce n’est le peuple​ lui-même. Il faut ​comprendre ​que les dirigeants ne sont que des serviteurs qui doivent être tenus en laisse. Il faut saisir ⁤que tant que les citoyens ne se dresseront pas sans compromis pour s’assurer que les dirigeants⁢ assument les conséquences de leurs décisions et ​de leurs ​actes, le rêve de liberté et de prospérité sera hors d’atteinte. La leçon que nous pouvons tirer du peuple sénégalais et de ses fonctionnaires conscients est que notre loyauté et notre allégeance doivent aller uniquement envers la nation et la constitution. Rien de plus. Ni plus, ni moins.

Aujourd’hui, le peuple sénégalais est un peuple fier et courageux, mais aussi un peuple qui a souffert et qui a été trahi. En dépit de ces épreuves, le peuple sénégalais a su se relever et a défendu avec véhémence la sacralité de sa république. Cependant, il est crucial de poursuivre cette lutte en s’assurant que le président Bassirou Diomaye Faye soit placé sous une étroite surveillance pour veiller au respect de la constitution et aux intérêts du public.

Il est temps pour les Africains de cesser de se battre pour des dirigeants qui, une fois au pouvoir, se détournent du peuple et de ses besoins. Nous ne pouvons plus tolérer de tels comportements. Le peuple sénégalais doit rester vigilant pour que tous ceux qui ont violé les droits de l’homme et bafoué la constitution soient identifiés et punis. Cela est nécessaire pour empêcher que de tels actes se reproduisent et pour mettre fin à l’impunité.

Nous devons exiger que justice soit rendue et que les responsables de ces actes rendent des comptes. Comme l’a si bien dit le leader des droits civiques et panafricaniste Kwame Ture : « Aucun homme ni aucune femme ne peut libérer un peuple. Seul le peuple peut se libérer lui-même sur la base de ses actions conscientes ».

Ensemble, nous pouvons bâtir un avenir meilleur pour notre nation en veillant à ce que nos dirigeants soient toujours au service de notre peuple et non l’inverse. Nous devons nous unir et lutter pour un avenir où les valeurs de démocratie, de liberté et de justice régneront en maître.

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