CIPE Soudan : 15 milliards de dollars perdus dans la guerre, des conséquences à venir même en cas d’arrêt

Hier, Radio Dabanga a‌ interviewé Shaza Bala, directeur du‍ Centre for ‍International Private Enterprise (CIPE)⁤ ou centre des entreprises privées⁤ internationaux ⁣au Soudan, pour‌ discuter de l’impact profond ​de la guerre en cours sur l’économie soudanaise.⁣ Bala a partagé des données indiquant ⁢la destruction massive dans divers‍ secteurs – commercial, industriel,⁤ agricole et de services -⁤ entraînant‍ des pertes de 15 milliards de dollars‍ d’ici⁤ la fin de l’année.

Depuis le‍ déclenchement de la⁣ guerre entre les Forces armées soudanaises (FAS) et les Forces de ‌soutien rapide (FSR) paramilitaires le⁢ 15 avril, l’économie soudanaise ‌a⁤ connu la destruction de ses capacités de production, l’arrêt de la production industrielle et de services, une réduction des zones agricoles, une baisse du commerce extérieur⁢ et ​une forte⁣ baisse ⁣du pouvoir d’achat des ‌citoyens.

Bala, directrice du bureau soudanais du CIPE, a⁢ abordé ⁤les répercussions⁤ généralisées ‌de la guerre sur tous les aspects de l’économie soudanaise ⁢lors d’une interview ⁣avec Radio ⁤Dabanga hier.

“L’économie soudanaise⁢ était déjà sous pression​ depuis le coup d’État⁣ militaire de décembre 2021, qui a perturbé les tentatives de réforme économique. La guerre actuelle a ⁣entraîné un effondrement cumulatif avec des conséquences durables, même si‌ la‌ guerre devait cesser immédiatement.”

Reconnaissant ⁢les difficultés à​ obtenir des ⁤informations précises en ⁢raison de l’effondrement d’institutions‌ clés telles que le Bureau central de la statistique‍ du Soudan et la Banque centrale⁣ du Soudan, Bala a mentionné ​certaines études récentes sur l’impact‌ économique de la guerre, y compris des estimations de l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI)⁤ en collaboration avec​ USAID et la Banque mondiale. ‍”Ces estimations​ prévoient des ​pertes d’environ 15 milliards de‌ dollars si la ⁤guerre ‍persiste jusqu’à la⁢ fin ​de l’année, soit l’équivalent ‍de 48% du PIB‍ du Soudan.”

La‌ directrice du CIPE au⁤ Soudan ⁤a expliqué qu’en juin, environ un mois et demi après⁢ le début de ⁣la guerre, le Soudan avait déjà perdu 5 milliards de dollars de PIB. “Les projections indiquaient une perte supplémentaire de 5 milliards de⁤ dollars si le conflit se poursuivait ‌jusqu’en ⁤septembre, ce qui entraînerait une perte​ totale‍ de ‍15​ milliards de dollars ⁤d’ici là”, a-t-elle ajouté.

Secteurs touchés

Selon la directrice du CIPE, jusqu’à 70 % ‍du ‍secteur industriel ⁢a connu des pertes en termes de ⁢production, de⁤ main-d’œuvre, y compris l’aéroport international de Khartoum, ce qui​ a eu un impact considérable sur le‍ secteur. “Le secteur agricole, principalement situé en dehors de Khartoum, a connu un impact comparativement⁣ plus faible, estimant​ les pertes à environ 20 %”, a-t-elle poursuivi. “Dans le secteur des services, les‌ pertes ont atteint​ 50 %, avec une perte attendue de ‌cinq⁢ millions d’emplois d’ici la fin de l’année, en particulier ⁢à Khartoum et au Darfour.”

Cependant, ​Bala ⁤a souligné que les pertes réelles sont ​probablement bien plus élevées, en particulier dans le⁤ secteur informel‌ qui représente environ 70 % de la main-d’œuvre au ​Soudan. L’impact⁢ a été moins grave pour les ‍petites entreprises, dont certaines se sont mieux adaptées que les ⁣grandes entreprises en déplaçant leurs opérations.

Cependant, “l’avancée​ récente de la guerre vers des zones auparavant sûres comme El Gezira‌ et ‌la région du Nil Blanc laisse ‌présager une situation qui⁢ empire”,‌ a-t-elle averti. Les importations pour ⁤répondre aux besoins humanitaires ont⁤ été considérablement ⁣entravées par⁤ les conséquences de la ⁢guerre, a déclaré Bala. “Les routes désertiques, essentielles pour ‍les exportations de bétail, manquent d’infrastructures ‌nécessaires‌ telles que des ⁤routes pavées⁣ et des lignes de‍ chemin de fer, ce qui entraîne​ des pertes importantes lors du transport.”

“L’industrie de l’abattage de viande fait⁢ face à⁤ des défis similaires en raison de l’arrêt des ​opérations dans les abattoirs, avec seulement de petites installations dans​ l’état‌ du Nord fonctionnant à capacité⁣ limitée”,⁤ a poursuivi la directrice du CIPE au Soudan.⁢ Les ​ports ⁣de⁤ la mer ‍Rouge “importent désormais plus qu’ils n’exportent”, soulignant l’ampleur de l’impact sur la dynamique du⁤ commerce. “Une étude de l’Organisation Asar Relief sur les importations et‌ exportations​ de ‍Port-Soudan‌ révèle une lourde dépendance aux importations, couvrant​ tout, du ​carburant aux ​articles ⁢de la vie quotidienne comme l’eau, le thé et le café.”

Malgré les défis, le commerce entre le‌ Soudan et⁣ l’Égypte a augmenté, avec une “accumulation visible de camions au passage”. Certaines activités, comme ‌l’exploitation minière, restent relativement inchangées, et la contrebande ​vers les pays voisins⁢ et depuis ceux-ci persiste pour éviter ⁣les droits de douane et les taxes.

La nécessité d’importer des biens essentiels pour​ les‌ zones sûres soulève des inquiétudes quant‍ à la possibilité de le faire. “La contraction de la‌ guerre dans de nouvelles zones auparavant considérées comme⁢ sûres‍ complique encore la livraison de produits importés à ceux qui en ont besoin. Par exemple, les biens destinés ⁢à‍ Wad Madani [la capitale de l’État d’El Gezira] ​peuvent ne pas atteindre la ville à la lumière des affrontements de la semaine dernière”. Certains marchés dans ⁣la⁣ capitale Khartoum ⁤ont enregistré d’importantes baisses de ⁣prix au cours des ​derniers jours en raison⁢ d’un afflux de ⁤biens ⁢d’El Gezira. Les⁢ commerçants ont⁣ déclaré que de grandes quantités d’articles volés à la population d’El Gezira, qui est sous ​le contrôle des RSF depuis le 19 décembre,⁤ étaient⁢ en vente dans les marchés de Khartoum.

Bala a ‌noté que ⁣de nombreux Soudanais comptent actuellement sur leurs économies d’avant-guerre, qui sont censées s’épuiser à tout moment. Mais la guerre pousse souvent les gens‍ à trouver des moyens de subsistance alternatifs,⁢ et une économie de guerre émerge ⁣pour fournir aux deux parties en ⁢guerre les provisions⁤ essentielles pour la bataille”. ⁢La directrice du CIPE au ⁤Soudan a souligné ⁢un rapport de la Banque centrale du Soudan qui ⁤a signalé que‍ la baisse⁤ de plus de 50 % des revenus a poussé deux

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