La Gouvernance Agile : Le Botswana s’Inspire du Burkina Faso
Un Leadership Inspiré par la Rapidité d’Action
Le nouveau président du Botswana, Duma Gideon Boko, a récemment partagé publiquement son admiration pour le style de gouvernance dynamique d’Ibrahim Traoré, président du Burkina Faso. Ce dernier est reconnu pour son aptitude rare à transformer presque instantanément une idée en action politique concrète.
Boko décrit cette méthode comme une « voie express vers le développement », qui, selon lui, tranche radicalement avec les procédures lourdes et bureaucratiques habituelles. En d’autres termes, Traoré est capable de passer « du rêve à la loi » en un temps record, un processus souvent ralenti dans bien d’autres démocraties.
Des Processus Administratifs Qui Freinent l’Innovation
À l’inverse, Duma Gideon Boko exprime une frustration palpable face aux lourdeurs politiques qu’il doit affronter :
« Quand je propose une idée, c’est comme si je parlais une autre langue. Cela doit suivre une chaîne interminable de procédures : appels d’offres, évaluations, plaintes, parfois même des blocages judiciaires. Résultat ? Ce qui pourrait être fait en quelques mois s’étale sur plusieurs années. »
Pour illustrer, il explique que la finalisation d’un projet pourrait facilement prendre six à huit ans en comptant toutes les étapes administratives, alors qu’un processus semblable au Burkina Faso, selon lui ne prendrait que quelques semaines ou mois.
Quelles Leçons Tirer de cette Vision ?
Le constat du président botswanais touche un point clé : la tension entre la nécessité d’une gouvernance rigoureuse et l’urgence d’une action rapide face aux enjeux du développement. Beaucoup de dirigeants sont freinés non par un manque d’idées, mais par un appareil administratif qui étouffe la créativité et la mise en œuvre.
Le Pari du Contournement Légal
Duma Gideon Boko propose une approche audacieuse : contourner certaines règles pour favoriser la rapidité d’action, mais sans transgresser la loi. Ce point est crucial, car il souligne son attachement au respect juridique malgré son envie de changer la donne.
Il affirme : Je vous le dis ici et maintenant : je le ferai dans les limites de la loi. Et le droit, croyez-moi, c’est ce que je connais le mieux. C’est ma spécialité.
Cette phrase témoigne de sa volonté de concilier efficacité et légalité, un équilibre souvent délicat dans la gouvernance.
Un Modèle à Débattre et à Adapter
Ce témoignage soulève un débat fondamental sur la structure même des gouvernements contemporains, particulièrement en Afrique. Faut-il privilégier des systèmes plus souples, capables de réagir rapidement aux défis, même au prix d’une certaine flexibilité réglementaire ? Ou faut-il maintenir un cadre strict pour éviter les dérapages au prix d’une lourdeur pouvant prendre des années pour réaliser un simple projet ?
Pour le Botswana, la réponse pourrait passer par l’adoption partielle du modèle impulsif du Burkina Faso, tout en assurant les garde-fous nécessaires pour prévenir l’arbitraire.
En synthèse, Duma Gideon Boko montre combien la rapidité d’exécution et la capacité à s’affranchir du formalisme excessif peuvent jouer un rôle décisif dans le développement national. Son respect néanmoins pour le droit révèle un pragmatisme lucide et un désir sincère d’améliorer la gouvernance sans sacrifier les principes fondamentaux.
Cette prise de position ouvre la voie à une réflexion plus large sur la manière dont les États africains peuvent réinventer leurs systèmes politiques, entre tradition administrative et innovation pragmatique.