Le président de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et président de Djibouti, Ismail Omar Guelleh, a récemment appelé à une réunion extraordinaire le 18 janvier à Kampala, rassemblant les chefs d’État des huit membres de l’IGAD. Cette décision fait suite aux tensions croissantes entre l’Éthiopie, la Somalie et le Soudan, suite à la signature d’un accord controversé entre l’Éthiopie et le Somaliland sécessionniste. Les récentes actions diplomatiques ont suscité des condamnations et des réactions de la part de divers gouvernements et organisations, laissant présager de nouvelles frictions et de graves conséquences pour la région.
Selon des sources du Reporter, Djibouti est la première entité à intervenir officiellement pour tenter de résoudre ces problèmes. La réunion est organisée par le Secrétariat de l’IGAD, dirigé par l’ancien ministre éthiopien des Affaires étrangères Workneh Gebeyehu (PhD), qui jouera le rôle de facilitateur.
La tension entre l’Éthiopie et la Somalie a atteint un point critique suite à la signature d’un protocole d’accord entre le premier ministre Abiy Ahmed (PhD) et le président du Somaliland Muse Bihi, qui prévoyait que l’Éthiopie loue une bande côtière de 20 kilomètres pour y établir une base militaire et un port commercial en échange de la reconnaissance de l’Éthiopie du Somaliland en tant qu’État souverain. L’annonce de l’accord a provoqué la colère de Mogadiscio, qui a qualifié l’accord de violation manifeste de la souveraineté de la Somalie.
Alors que les tensions augmentent et que les appels à un dialogue se multiplient, personne n’a été en mesure de créer une plateforme de discussion jusqu’à présent. C’est pourquoi Djibouti a décidé de convoquer un sommet extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement de l’IGAD le 18 janvier 2024, dans le but de trouver des solutions pacifiques et durables.
Les préoccupations principales de l’IGAD concernent la proposition de base militaire, qui pourrait être construite dans un endroit qui n’est pas un pays souverain. En effet, toutes les bases militaires des autres pays de la région sont situées dans des États souverains. La semaine dernière, le secrétaire exécutif de l’IGAD a exprimé sa profonde inquiétude concernant les récents développements dans les relations entre l’Éthiopie et la Somalie, déclarant qu’il suivait la situation avec diligence. Cependant, le gouvernement somalien a réagi en demandant des excuses et un retrait immédiat, accusant l’IGAD de partialité.
Des sources au ministère des Affaires étrangères ont également rapporté que des hauts responsables du gouvernement éthiopien étaient mécontents de la position de l’IGAD. La tension s’est intensifiée suite à la visite du président somalien à Asmara pour rencontrer le président de l’Érythrée Isaias Afwerki, et à l’arrivée du ministre égyptien des Affaires étrangères pour des pourparlers à haut niveau. Ce soutien de l’Égypte, principal partenaire commercial et de développement de l’Éthiopie, a encore exacerbé les tensions dans la région. De plus, la Chine a également pris position contre l’accord, déclarant que le Somaliland faisait partie de la Somalie.
Face à la pression internationale et à la détérioration des relations entre les pays de la région, le président Guelleh a décidé d’organiser une réunion à Kampala, en espérant que les chefs d’État et de gouvernement de l’IGAD trouveront des solutions pour apaiser la situation. Pour l’instant, il n’est pas confirmé si le premier ministre Abiy Ahmed (PhD) participera à la réunion. Le gouvernement éthiopien a réaffirmé que l’accord avec le Somaliland n’enfreignait en aucun cas le droit international, et que des accords similaires ont été conclus par d’autres pays de la région. Dans une déclaration, le ministère des Affaires étrangères a souligné l’importance de la sécurité et de la stabilité régionales pour le développement économique et social, et a affirmé que l’Éthiopie était prête à dialoguer et à coopérer avec ses voisins pour atteindre cet objectif.