Des affrontements violents entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide (FSR) font rage depuis cinq jours à Babanusa, dans l’État du Kordofan occidental en Soudan. Ces combats ont entraîné d’importantes destructions, de nombreuses pertes humaines et des déplacements massifs de la population civile. Le 12 janvier, les FSR ont lancé une grande offensive pour prendre le contrôle du quartier général de la 22e division d’infanterie. Depuis, les deux camps se livrent à des combats acharnés, avec des tirs d’artillerie constants et des pertes parmi les civils pris au piège dans la zone de conflit.
Malgré le siège imposé par les FSR, l’armée maintient toujours son emprise sur la base de la 22e division d’infanterie. Les médias affiliés aux forces armées ont partagé des vidéos montrant la reprise du quartier général de la 89e brigade d’infanterie qui était aux mains des FSR depuis plusieurs jours.
Les témoins qui ont fui les combats racontent des histoires tragiques de frappes aériennes ciblant les positions des FSR dans les quartiers de Babanusa et près d’Al-Muglad, laissant derrière elles un paysage de dévastation et de nombreuses victimes. Harika Al-Safi, une habitante déplacée de Babanusa, a partagé avec Sudan Tribune les premières estimations de plus de cinquante morts et de dizaines de disparus, dont des femmes, des enfants et des personnes âgées. La majorité des habitants ont trouvé refuge à Al-Muglad et Al-Fula, ainsi que dans les villages d’Umm Jak, Shuaa, Centaur, Taboun et autres. Ils font maintenant face à une situation humanitaire désastreuse et ont un besoin urgent d’aide.
M. Al-Safi a également signalé des cas de violations commises par les forces de sécurité, notamment le vol de biens et d’argent aux personnes qui tentent de fuir la zone de conflit, ainsi que le pillage de maisons dans les quartiers tenus par les FSR.
On craint de plus en plus que Babanusa, ville stratégique reliant le Kordofan et le Darfour, ne subisse d’importantes destructions alors que les combats se poursuivent dans les zones résidentielles et les infrastructures essentielles.
De plus, des témoins oculaires ont rapporté que des avions de combat appartenant à l’armée soudanaise ont largué des barils d’explosifs sur plusieurs sites à El Daein, la capitale de l’État du Darfour oriental, tard dans la nuit de jeudi à vendredi. Ces frappes aériennes ont causé d’importants dégâts au secrétariat du gouvernement, au quartier général de la 20e division d’infanterie, à la mosquée de l’Organisation des martyrs et à des sites situés dans les quartiers de l’aéroport et d’Al-Qobba. C’est la première fois que des avions militaires ciblent El Daein, la capitale historique de la tribu des Rizeigat, dont la majorité des membres occupent des postes au sein des forces de sécurité. La ville est sous le contrôle des forces de sécurité soudanaises depuis novembre 2023.
Des sources militaires soudanaises ont affirmé que les frappes aériennes avaient visé des rassemblements des FSR, des postes de commandement ainsi qu’un dépôt de carburant et d’armes en route vers Babanusa. Au cours des trois dernières semaines, l’aviation militaire soudanaise a intensifié ses opérations dans le Darfour, menant des frappes aériennes dans les États du Sud, de l’Ouest et du Nord Darfour.
Cette escalade de la violence dans plusieurs régions du Soudan suscite une inquiétude croissante quant à sa propagation et à ses effets désastreux sur les populations civiles. Les habitants de Babanusa et d’El Daein risquent de subir de graves conséquences si les combats se poursuivent et si les attaques aériennes se multiplient.