Cette ville, autrefois un havre pour ceux fuyant les premiers affrontements à Khartoum, est maintenant plongée dans le chaos. Les combats entre les FAS et les FSR, les coupures d’électricité, les pannes de communication et la crise humanitaire croissante ont plongé Wad Madani dans la tourmente.
Au lendemain des nombreux affrontements dans les quartiers d’El Sharafa, Abu Haraz, El Ghanoum, ainsi que dans ceux d’El Riyadh et Hantoub, une crise de déplacement vers des Etats voisins tels que Sennar, El Gedaref et Kassala a éclaté. Particulièrement touché, l’Etat d’El Gedaref a vu un afflux important de personnes fuyant la violence à Wad Madani.
Les activistes signalent une forte augmentation des prix des médicaments et du matériel médical, ainsi que des files d’attente dans les stations-service. Les professionnels de la santé soudanais dressent un tableau sombre de la situation humanitaire, avec des hôpitaux vidés, des ressources médicales épuisées et le déplacement de médecins et de personnel de santé.
Le Comité des médecins soudanais a lancé hier un appel urgent pour sauver les groupes vulnérables, notamment 251 enfants et 91 mères porteuses, se trouvant actuellement pris dans les tirs croisés à l’orphelinat de Maygoma à Khartoum.
Les personnes désormais redéplacées par les affrontements à Wad Madani ont dû entreprendre un pénible voyage loin de cette ville devenue une arène de combat. Des rapports indiquent que les difficultés de déplacement et l’augmentation des prix des billets aggravent actuellement l’exode.
En raison des problèmes de transport et du déploiement intensif de forces armées des deux côtés, une crise du pain a provoqué hier la fermeture des fours. Face à ces défis, les FAS ont déployé des renforts importants et mis en place des mesures de sécurité strictes, fermant des ponts et des entrées clés de la ville. Le commandant de la Première division d’infanterie a revendiqué la victoire sur les FSR, affirmant que leur tentative de prendre d’assaut Wad Madani était une « action désespérée pour compenser les pertes à Khartoum ». Cependant, certains des déplacés récents sont sceptiques et expriment des doutes quant au retrait complet des FSR des parties est de la ville.
Yasir Arman, fondateur du Mouvement révolutionnaire démocratique de la SPLM-N, a élevé des préoccupations concernant les alarmants rapports d’arrestations à caractère ethnique et géographique qui ont émergé récemment et le risque que ce « conflit prenne une dimension ethnique et sociale ». Arman a condamné ces arrestations et a appelé le peuple soudanais à résister à toute tentative d’escalade du conflit sur des lignes ethniques et raciales.
Sur le plan international, le porte-parole du Département d’Etat américain a publié un communiqué samedi, exhortant les FSR à éviter de cibler les civils et mettant en garde l’armée soudanaise contre des actions mettant en danger la vie des civils. Ils ont déclaré que des « rapports troublants » indiquaient que des « unités d’élite des FSR » s’étaient rendues à Wad Madani pour renforcer les attaques. Le Département d’Etat américain a ajouté que les perturbations des efforts humanitaires ne feraient qu’approfondir la complexité d’une situation déjà désastreuse.