Le Bureau des droits de l’homme des Nations unies et la Commission éthiopienne‌ des droits de ‍l’homme (EHRC)‌ ont publié un rapport ⁢exhortant‍ le gouvernement éthiopien à aligner ses politiques de justice transitionnelle sur le‍ droit international en‌ matière de droits de l’homme. Le ‍rapport, basé sur 90 pages et les résultats de ​15 consultations communautaires, souligne⁣ la nécessité de donner la priorité aux droits et aux⁤ besoins⁤ des victimes et de ⁣leurs⁣ familles.

Au cours des consultations⁢ organisées entre‌ juillet 2022 et mars de cette année, ⁣plus de 800 personnes, dont 319⁤ femmes, provenant de diverses régions et de l’administration de la ‍ville de⁤ Dire Dawa, ont fait part de leurs ‌commentaires. Un ​consensus général ⁢s’est dégagé sur la nécessité de ‌tenir les auteurs responsables de tous ‍les crimes, y compris ceux qui constituent des⁤ violations du‌ droit⁤ international, afin de mettre fin au cycle de la violence et​ de veiller à ce⁢ que justice soit rendue.

Le ⁣rapport souligne ⁣également l’importance de⁢ résoudre les‍ conflits de manière‌ pacifique et de faciliter le retour en ‌toute sécurité ‌et dans la dignité des personnes⁢ déplacées à l’intérieur de leur pays. En outre, il note la volonté de la communauté de soutenir le processus‌ de justice transitionnelle, à condition que les institutions ‌impliquées restent impartiales et dignes de confiance.

“Je salue les efforts‌ déployés par ‍l’Éthiopie pour⁢ élaborer une politique nationale de justice transitionnelle conforme à l’accord de cessation des ​hostilités”, a‍ déclaré Volker Türk, haut-commissaire des Nations unies‍ aux droits de l’homme. ‌ Il ‌a souligné la nécessité d’une approche globale⁤ et fondée sur les droits de l’homme qui place les victimes, en particulier ​les femmes⁤ et les jeunes filles, au centre des préoccupations.

Ce rapport s’appuie sur l’enquête conjointe menée ⁤par ‌le Bureau ⁢des ⁢droits ⁣de l’homme des Nations unies‍ et la Commission ‌européenne des‌ droits de l’homme dans la région du Tigré en 2021, qui a également plaidé en faveur d’un cadre de justice ‍transitionnelle fondé sur‌ les droits⁢ de l’homme, conformément⁢ à l’accord de ⁢cessation des hostilités.​ Les deux organisations ont ⁤offert‍ une assistance technique​ pour soutenir la mise ‌en œuvre de la politique.

Pour⁤ faciliter⁤ l’élaboration et la mise ‌en⁢ œuvre d’une politique de justice transitionnelle, le rapport présente 31 recommandations à l’intention de ⁤diverses parties prenantes, dont le gouvernement‌ éthiopien et le groupe ⁣de​ travail d’experts sur la justice transitionnelle.

Le programme⁤ de justice transitionnelle a​ été lancé en Éthiopie après la signature de ​l’accord de paix ‍de⁣ Pretoria⁣ en novembre‌ 2022. Toutefois, des experts et des défenseurs des droits de l’homme ont exprimé ​des inquiétudes‌ quant à ⁣l’efficacité de la mise en ⁣œuvre actuelle. La Commission internationale d’experts en droits de l’homme sur ⁢l’Éthiopie (ICHREE) ‍a exprimé des doutes quant à​ l’engagement⁢ de l’Éthiopie à garantir l’obligation‍ de ⁤rendre‍ des comptes ‌avant‍ son démantèlement. Ses évaluations⁣ ont suggéré que les initiatives nationales ​pourraient​ conduire à ‌un processus superficiel dépourvu ⁢d’un contrôle international approfondi.